Débandade

 

« Débandade » un ballet chorégraphié par Olivia Grandville dans le cadre du festival Le temps d’aimer la danse sur la scène du Théâtre du Casino de Biarritz ; un ballet alliant le geste à la parole pour entrer dans l’intimité de la pensée de l’homme sur sa masculinité.

 

Sept hommes en slip et baskets arrivent en silence depuis la salle, dans un brouhaha d’attente, pour capter notre attention avec le début de leurs clowneries, qu’elles passent par la main ou la fesse, qui feront bien rire les spectateurs ; avec en premier lieu les enfants qui s’en donneront à cœur joie sur certaines scènes hilarantes, désincarnant ainsi la sacro-sainte masculinité.
En premier lieu, du jive rock pour se chauffer, pour détendre l’atmosphère et nous plonger dans cette expression corporelle qui va lever les tabous sur le patriarcat.

Des rires qui cachent de la profondeur avec la révélation de l’intimité de chaque danseur expliquant son parcours, ce qui l’a amené à la danse contemporaine, à se produire devant un public, oser s’affirmer, oser franchir la barrière de son pré carré.

Olivia Grandville, dans une chorégraphie très tonique, de justesse confondante, sur une création musicale de Jonathan Kingsley Seilman (le DJ sur scène) mise en lumières par Yves Godin, a voulu au travers du prisme de la jeunesse, de ces danseurs venus d’horizons lointains, de cultures différentes, expliquer via un subtil mélange de gestes, de paroles, de vidéos créées par César Vayssié, interpeler le spectateur sur l’objet de la masculinité que ces jeunes hommes vivent et tentent de s’épanouir à l’aube de ce siècle.

Un mélange de figures, de sons, de musiques, où l’opéra côtoie le Rap, où la pointe s’abandonne à une partie de ping-pong.
Rien n’est laissé au hasard pour approfondir cette quête où le politiquement correct n’a pas sa place.
Une femme qui s’exprime uniquement par le truchement des hommes, bien qu’ils aient à défendre leurs points de vue, leurs ressentis, de cette domination de l’homme sur la femme tant représentée dans la vie de tous les jours. Un questionnement légitime qui n’a pas fini de faire parler dans les chaumières.

Dans une belle farce, c’est la sensibilité des ces hommes qui s’exprime, se meut, se verbalise, tout au long de ces différents tableaux qui s’enchaînent dans une fluidité alléchante. Ce ballet représente un moment de récréation très studieux rythmé par un métronome un peu coquin où la visualisation de mot Débandade prend toute sa signification dans cette course hippique euphorisante croisant le fer avec une tête de cerf pour fondre dans une mêlée de rugby.

Une introspection masculine chaleureuse, vivante, ponctuée par les notes du clavecin ou celles d’un Vivaldi survolté, qui laisseront poindre une belle chanson d’amour Love dont Nat King Cole n’aurait pas à rougir, ou encore celle de Gainsbourg avec I’m the boy ; le tout mis en lumières par un défilé de mode des plus succulents où la chair luisante se laisse admirer sans retenue mais aussi par une figuration des ces sculptures d’hommes à l’ère gréco-romaine.

Habib Ben Tanfous, Jordan Deschamps, Martin Gìl, Ludovico Paladini, Matthieu Patarozzi, Matthieu Sinault, et Eric Windmi Nebie sont les admirables interprètes de ce questionnement : « Qu’est-ce que cette masculinité ? », qui ouvre un débat déjà bien entamé…

 

« Débandade » sur la scène du Théâtre du Casino de Biarritz, le 11 septembre 2023

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