La valse d’Icare

 

« La valse d’Icare » de et avec Nicolas Devort au Lucernaire dans une mise en scène de Stéphanie Marino est la folle aventure d’un homme à l’ascension fulgurante où les effets du miroir de la célébrité l’aveuglèrent : plus dure sera la chute.

 

afficheDans ses habits noirs Nicolas Devort donne de la couleur à sa galerie de personnages tous plus émouvants les uns que les autres.
Un battement de paupière, un sourire, un doigt qui accroche le regard, une main qui enveloppe un geste exprimant la joie, la douceur, la douleur et c’est le personnage qui vit sous nos yeux et qui nous fait voyager dans son aventure lyrique.

L’histoire d’un père, d’un fils, qui se brûla les ailes au contact du show-business.
Rappelez-vous l’histoire d’Icare, ce jeune homme qui n’écouta pas son père et perdit la vie en tombant dans la mer après que ses ailes eurent fondu en s’approchant trop près du soleil. Un jeune qui voulut s’échapper de sa condition sans en maîtriser les codes…

Notre héros du jour a la guitare qui le démange et la voix qui le titille. N’écoutant que le chant des sirènes, il se voit déjà en haut de l’affiche quand ses amis lui disent qu’il a du talent.
Et puis c’est l’escalade vertigineuse vers les sommets de la gloire, une gloire éphémère mais grisante.
C’est aussi une farouche critique de ce monde du show-business, de ces émissions « The Voice » et autres, où l’on fait miroiter de mille feux, de mille paillettes, aux âmes innocentes, la gloire pour en fin de compte s’en mettre plein les poches sur le dos de la crédulité.La valse d'Icare 3

Une valse à trois temps, à mille temps, qui nous entraîne dans le tourbillon de la vie, avec sa tendresse, sa joie, son humour, son désespoir et ses non-dits. Ses non-dits pour une bienveillance rassurante…
Une vie remplie de rendez-vous où le hasard n’a pas sa place. Une vie où l’on « check le poteau » pour se rassurer, pour combattre, pour avancer avec en point d’orgue l’Amour.

L’Amour d’un père pour son fils qui sera le fil conducteur de cette belle histoire où tous les personnages viendront offrir leurs pierres à la construction du rôle le plus important de sa vie.

La valse d'Icare 2Dans ce spectacle, qui n’est pas sans rappeler « Dans la peau de Cyrano » (Cliquez), avec dans son tour de chant son touchant clin d’œil à Colin qui demande un autographe, Nicolas Devort voulait faire entendre sa voix. Eh bien avec une justesse et une précision de jeu époustouflantes, il a réussi à nous séduire, à nous captiver.
Toujours accompagné de sa chaise et de sa guitare, au détour d’une note et d’un silence, nous voyageons de Paris à Los Angeles sur les routes de ses mélodies, douces ou rock ’n’ roll, qui ponctuent son aventure.

Un jeu où le mime côtoie la parole, où le comédien joue sa vie comme une chorégraphie enivrante accompagnée de bruitages bien calibrés.
Chaque personnage existe pleinement sur scène. Leurs attitudes, leurs expressions, leurs accents, leurs intonations, habillent avec grâce et volupté cette galerie haute en couleur.La valse d'Icare 4

Un Icare entouré, dans les personnages principaux, de ses parents, dont le père le voyait plutôt pilote que chanteur, de sa femme Iris et de son fils Yann, des ses premiers potes qui lui mettent le pied à l’étrier et puis cela n’étant pas suffisant pour sa soif de galvaniser les foules, il y a l’impresario Sol, celui qui lui donnera la clef qui aurait dû le conduire vers le paradis mais qui se transformera en enfer avec ses démons aux effluves dévastatrices.

Stéphanie Marino, à la complicité évidente, a su canaliser l’énergie débordante de Nicolas Devort pour en extraire dans son jeu un juste équilibre entre le chant et la comédie. Un équilibre où l’élégance des mots, des notes, brille sous les lumières de Philippe Sourdive.La valse d'Icare
Une performance maîtrisée de bout en bout, où chaque détail de la vie est transcrit avec habileté, finesse et justesse.
La rapidité de changement des personnages est impressionnante, laissant tout de même une part de liberté au spectateur pour visualiser et absorber cet univers aux reflets noirs laissant transparaître la clarté des rires et de l’émotion.

Une belle réflexion sur ce qui est le plus important dans la vie d’un homme, où son émancipation prend son envol loin des rayons du soleil nommés show-business.
En finalité, qu’en est-il du mythe…réponse au Lucernaire !

 

« La valse d’Icare » au Lucernaire, du mardi au samedi à 21h, matinée le dimanche à 17h, jusqu’au 26 janvier.

1 réflexion sur « La valse d’Icare »

  1. J’avais bien aimé Dans la peau de Cyrano, pourquoi pas!

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