« Cadavre exquis » une comédie de Philippe Elno, Olivier Maille, Loan Hill, Jacques Chambon, Jean-Yves Girin et Peter Dervillez dans une mise en scène de Marc Andreini sur la scène de la Luna Negra à Bayonne est une histoire complètement absurde dans une douce folie surréaliste.
Une folie qui a gagné nos six auteurs, tous masculins, qui ont accepté de travailler à l’aveugle, à l’intuition, à la confiance, à six mains.
Un concept qui ne vous est peut-être pas familier mais qui dans son originalité vous réserve beaucoup de belles surprises.
Tout d’abord un texte très bien écrit par nos auteurs qui chacun leur tour à deux reprises ont écrit trois pages de texte. Le deuxième auteur prenait connaissance de la dernière page du premier auteur pour à son tour en écrire trois et ainsi de suite jusqu’au sixième auteur : le principe du cadavre exquis.
Autant dire une gageure à relever pour que l’histoire tienne la route et que nous ne soyons pas perdus dans ce méandre d’enchaînement de l’histoire dans l’histoire.
Le but, conserver une cohérence qui retienne l’attention du public jusqu’à la pirouette finale qui mérite le détour.
Sans vouloir dévoiler « les » histoires, nous découvrons à l’ouverture du rideau un homme et une femme qui ont apparemment passé une soirée des plus branchées, des plus alcoolisées, à voir tous les cadavres qui jonchent le sol, dans un lieu qui s’apparente à un salon d’un appartement.
Deux personnes, à leur réveil, qui ont bien du mal à savoir qui elles sont et qui vont essayer tant bien que mal à remonter le cours du temps pour comprendre leurs présences dans ce salon.
Un mystère qui par le biais de ce cadavre exquis s’épaissit au fil du temps et donne du fil à retordre à nos deux interprètes complètement paniqués par la pensée des folies qu’ils auraient pu commettre lors de cette soirée très arrosée.
Ce qui est remarquable c’est que chaque auteur a son propre style et que le mélange, l’enchaînement des histoires fonctionnent à merveille. Chacun y va de son bon mot, dans un fil de l’actualité qui fait bien rire, alimenté par des rebondissements qui surprennent lors de ces douze séquences. Si vous avez suivi, six auteurs, donc six histoires multipliées par deux tours. Une vidéo de présentation au lever du rideau vous donnera toutes les clés pour suivre ce cocktail de l’absurde mais néanmoins bien construit.
Des passages qui vous feront bien rire comme celui de la sexe tape ou encore celui du psy avec au détour d’une scène de la poésie, de la tendresse, sur une musique d’ambiance où le violon pleure pour deux tourtereaux en mal d’amour.
« T’es con à plein temps, ou c’est juste une passion » une réplique qui pourrait bien résumer l’ambiance que nous font vivre Elisa Birsel et Peter Dervillez. Deux comédiens qui n’en font qu’un tellement leur jeu est d’une complicité à toutes épreuves. Les répliques fusent d’un univers à l’autre dans un jeu remarquable de justesse. Ils sont à la fois touchants, drôles, on a envie de les aider à trouver la sortie du labyrinthe dans lequel ils se sont engouffrés malgré eux, le tout orchestré dans une mise en scène diabolique de Marc Andreini qui a su dans un équilibre parfait donner vie à cette incroyable histoire !
Un moment de haute fantaisie, d’équilibriste, qu’il faut absolument voir pour vous familiariser avec le concept du cadavre exquis qui n’est certainement pas dans le placard mais qui est bien présent sur les planches.
« Cadavre exquis » sur la scène de la Luna Negra à Bayonne, vue le 10 mai 2023.
Représentations supplémentaires, les 11, 12 et 13 mai à 20h30.