Les révélations de la musique classique

 

«  Les révélations de la musique classique » dans le cadre de la programmation de la Scène nationale du Sud-Aquitain sur la scène du Théâtre Quintaou à Anglet avec l’Orchestre du Pays Basque dirigé par Léo Margue est un voyage musical enflammé par une jeunesse pleinement investie dans sa passion qu’elle fait vivre dans une émotion palpable.

 

Edgar Nicouleau, le directeur général du Conservatoire Maurice Ravel Pays Basque a judicieusement laissé libre cours au jeune chef d’orchestre Léo Margue pour composer le programme de ce concert, dont son talent n’a d’égal que sa vision créatrice aux phrasés surprenants.
Du saxophone au piano où il débuta à Orléans, Léo Margue « monta » ensuite à la capitale pour y apprendre la direction d’orchestre, tout en préservant sa passion pour la musique contemporaine, notamment dans la création.
Une carte blanche très motivante pour une programmation au rythme endiablé qui va nous faire voyager de la Roumanie vers Cuba en passant par le Mexique tout en se balançant à chaque virage, comme dans un grand huit.

Un concert en deux parties où pour débuter le compositeur György Ligeti, citoyen hongrois naturalisé autrichien, décédé en 2006 (grand admirateur de Béla Bartók) dont Léo Margue est un fan inconditionnel, a surpris plus d’un spectateur. Hormis le fait qu’il n’est pas très connu par le spectateur lambda, sa musique à la superposition de multiples mélodies emporta le public dans un mélange de modernité et un ancrage à ses racines, avec cette musique traditionnelle roumaine à la rapidité enivrante.

« Concerto Roumain » : une écriture pour un petit orchestre composé de quatre mouvements, d’inspiration de musiques populaires roumaines.
Un dialogue s’installe entre l’orchestre et plusieurs instruments solos, notamment le violon, dont Marina Beheretche premier violon de l’orchestre donna toute sa maîtrise, dirigée par la fougue de la jeunesse de Léo Margue qui dans l’amplitude des ses mouvements emporta l’orchestre dans une respiration haletante au bord de l’asphyxie.

Pays Basque oblige, Maurice Ravel né à Ciboure en 1875, composa en 1924 sa rhapsodie pour violon et piano : « Tzigane » qui fut ensuite adaptée pour violon et orchestre, la version donnée ce soir au concert : une rhapsodie en hommage à la violoniste Jelly d’Arányi.
Une occasion pour mettre en avant toute la virtuosité, la technique du violoniste Da-Min Kim, soliste de l’Orchestre philharmonique de Marseille, de cette rhapsodie aux méandres tourbillonnants décoiffants.

Après un entracte permettant le positionnement des percussions, le programme reprenait avec le non moins surprenant « Concerto Candela » de la compositrice mexicaine Gabriela Ortiz, créé en 1993. Nous pouvons aussi être fiers de cette interprétation de ce soir que l’on peut considérer comme la création française de ce concerto.
Un concerto en trois mouvements qu’Aurélien Gignoux, percussionniste de son état et nommé dans la catégorie « Soliste instrumental » des victoires de la musique en 2021, « dénicha au fond d’un tiroir » pour s’accorder à la demande de la programmation de Léo Margue répondant au fil conducteur d’un concert très coloré.
Un Aurélien Gignoux issu d’une famille de musiciens qui dès l’âge de quatre ans se voyait en haut de l’affiche tout en étant ébahi par les percussions : de Toulouse à Paris il n’y a qu’un pas qu’il a franchi allègrement pour exercer son art en toute liberté et diversité.

Trois mouvements pour transmettre le feu qu’anime ce concerto dans un groove chaloupant aux déhanchés dansants. Trois mouvements où dans chacun Aurélien Gignoux excella dans le maniement de ses instruments, nous impressionnant par tant de charisme, d’étincelles dans ses yeux révélatrices d’une expression jouissive de cette création française.
Le Marimba entra dans la danse avec son clavier de lames de bois pour être suivi dans le deuxième mouvement par l’étonnant instrument que peu de personnes connaissent le Teponaxtlis, un tambour de bois à la sonorité boisée à la douce rondeur, évocatrice de ces cérémonies de ces contrées lointaines pour nous européens. Dans le troisième mouvement ce sont les instruments à peaux notamment, les tambours, qui firent résonner leurs sonorités éclatantes. De l’humour aussi quand au détour d’une harpe qui répondait à l’appel inédit des cloches de vache, Aurélien Gignoux nous embarqua dans son délire d’improvisation.

Pour conclure cet incroyable concert qui nous laissa sans voix tant par sa composition que son interprétation, c’est George Gershwin qui eut cet honneur avec son « Ouverture cubaine » qu’il créa en 1932. Une ouverture révélatrice de ses vacances passées à Cuba.
Un rythme de Rumba, la danse de l’amour, dans laquelle George Gershwin laissa vagabonder ses pulsations rythmiques dans lesquelles la contrebasse répondait aux percussions et les cuivres aux violons, laissant aussi les claves, des petits bouts de bois, s’immiscer dans un jeu fripon : une rencontre musicale entre l’Europe et les Caraïbes très remuante. En quelque sorte une très belle carte postale qui nous fit voyager d’un continent à l’autre.

C’est d’ailleurs avec un bis du final de cette Ouverture Cubaine que l’Orchestre prit congé du public enthousiasmé par tant de générosité, de jeunesse endiablée, à la fougue communicatrice que les musiciens partagèrent amoureusement.
Un très beau concert qui fera date !

 

« Les révélations de la musique classique » sur la scène du Théâtre Quintaou à Anglet, le 05 mai 2023.

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