Dark was the night

« Dark was the night » de et mis en scène par Emmanuel Meirieu sur la scène du théâtre Quintaou à Anglet dans le cadre de la programmation de la Scène nationale du Sud-Aquitain est un voyage intergalactique à la recherche d’Humanité.

 

« Sombre était la nuit, froide était la terre »

20, 08, 77, 118, 55 et 27 ne sont pas les numéros du loto mais ceux d’un formidable voyage de la fusée Titan, appelée par les astronomes « le Voyageur », lancée le 20 août 1977 sur la base de Cap Canaveral, qui a fixé sur sa paroi extérieure un disque en forme de 33 tours, recouvert d’or, contenant des messages gravés : 118 photos, 55 salutations en différentes langues et 27 musiques/sons, dont les mots du président Jimmy Carter, la chanson « Dark was the night, Cold was the ground » chantée par Blind Willie Johnson et la voix d’un petit garçon français de sept ans qui se demande bien : « Si j’étais un extra-terrestre, qu’est-ce que j’en penserais des photos ? »…et « Est-ce que vous viendrez nous voir un jour ? ».

« Sombre était la nuit, froide était la terre »

Emmanuel Meirieu comme beaucoup d’artistes a pris de plein fouet la pandémie du Covid laissant libre cours au vagabondage intellectuel.
Cloîtré, enfermé dans son espace vital, il rêvait d’évasion, de grand air, d’une autre planète où des extra-terrestres pourraient être la solution à cette évasion tant désirée.
A l’écoute des inquiétudes du monde extérieur, le besoin de liberté au sens large du terme se faisait pressant. De lectures en recherches, une histoire vraie comme il les affectionne le tira de cette anémie de production qui le gagnait.

Le sort en était jeté : le jaillissement de cette fusée était son salut, sa bouteille à la mer. « Le voyageur » était porteuse d’espoir, de plus l’histoire de Willie Johnson renforçait sa volonté d’œuvrer pour les oubliés, les abandonnés, comme il sait si bien le traduire.
Ce Willie Johnson, descendant d’esclaves, orphelin de mère, rejeté par sa belle-mère qui en lui jetant au visage une poignée de lessive, lui brûlant les yeux, le rendit aveugle, deviendra notre ambassadeur auprès des extra-terrestres avec sa chanson gravée sur ce 33 tours, qui maintenant depuis son lancement voyage dans l’espace interstellaire, qui selon les prévisions devrait pouvoir se déplacer pendant un milliard d’années

Emmanuel Meirieu dans un impressionnant décor qu’il a conçu avec Seymour Laval, nous transporte dans l’imaginaire de sa forêt, lieu aux multiples horizons, aux multiples visions d’un monde en pleine décrépitude, et où la musique de Raphaël Chambouvet accentue cette emprise sur nos émotions.
Une vision décadente de la vie par le truchement des abeilles regagnant tant bien que mal leurs ruches dont elles meurent par l’absorption de pesticides obligeant de les euthanasier, aux détritus qui jonchent le sol et les barrières de la société inondées de déchets plastiques volant au gré de la bêtise humaine sans oublier ce cimetière qui essaye de trouver sa place au milieu de ces immondices. Un cimetière censé cacher la tombe de Willie Johnson et de ses compatriotes de couleur noire : la ségrégation américaine n’étant jamais très loin…

« Sombre était la nuit, froide était la terre »

Chacun dans leurs monologues, les cinq comédiens qui interviennent dans la pensée d’une parole censée, Stéphane Balmino, François Cottrelle, Jean-erns Marie-Louise, Nicolas Moumbounou et Patricia Pekmezian, ces écorchés vifs de notre planète, vont exprimer tout au long cette histoire aux destinés intergalactiques, dans un langage lucide de survie, leurs histoires, leurs visions de ce monde qui part en quenouilles et dont les exclus ont droit de cité.
La terre, point minuscule dans cette immensité de la galaxie, est la seule maison que nous ayons et qu’il faudrait prendre conscience qu’il est indispensable d’en prendre soin, tant sur le plan végétal que sur l’animal dans son expression la plus large.

 

« Loin des bruits du monde, je m’émerveille… »

Un plaidoyer sensible à l’humilité de l’humanité, de la petite histoire dans la grande histoire, dans un vivre ensemble indissociable de l’autre, de notre voisin, des exclus.

 

« Dark was the night » sur la scène du théâtre Quintaou à Anglet, le 21 mars 2023.

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

%d blogueurs aiment cette page :
search previous next tag category expand menu location phone mail time cart zoom edit close