« Maya, une voix » une histoire écrite par Julie Delaurenti, Tiffany Hofstetter, Sharon Mann, Elizabeth Wautlet et Eric Bouvron qui en assure également la mise en scène, sur la scène du théâtre La gare du midi de Biarritz à l’invitation des Amis du théâtre de la côte basque, est une libre adaptation de la vie d’une femme devenue une figure emblématique de la vie culturelle et politique aux Etats-Unis.
Dans une ambiance New Orleans Jazz nous attendons l’arrivée de ce petit bout de femme qui à force de détermination, d’une volonté farouche de vivre, de combattre l’injustice à dit OUI !
Un travail de résilience que Boris Cyrulnik n’aurait pas démenti.
C’est un spectacle musical composé de textes, chants Gospel et musiques qui nous conte l’histoire extraordinaire de notre héroïne Marguerite Annie Johnson, née à Saint-Louis en 1928 de parents afro-américains, surnommée par son frère aîné Bailey Jr. « Maya, Angelou ».
Un rôle interprété tout en finesse, en émotion par Ursuline Kairson, dont sa voix d’or transmet délicatement toutes les nuances, les subtilités de la vie de cette femme meurtrie par l’homme.
Tout commence par cette phrase décortiquée par les cinq comédiennes qui nous raconteront la vie de Maya, Angelou : l’esprit de la soirée est donné : « Les gens oublieront ce que tu as dit, ils oublieront ce que tu as fait, mais ils n’oublieront jamais ce que tu leur as fait ressentir. »
Un savant résumé de la vie de cette femme qui sera chargée par le président Bill Clinton d’écrire et de lire un poème à son investiture.
Puis au son de la musique jouée en direct sur le plateau par Jo Zeugma la chanson « We believe in freedom », porteuse de frissons, vient résonner dans nos têtes avec toute sa puissance symbolique.
Avec beaucoup d’humour, de tendresse, de clairvoyance, les auteurs nous font découvrir les moments clés qui ont jalonné le parcours de Maya, Angelou, depuis sa petite enfance où tout s’est joué.
Dans des retours en arrière bien mesurés, bien campés, les comédiennes aidées de quelques accessoires vont peindre la vie de Maya sur le tableau de la ségrégation raciale qui sévissait aux Etats-Unis.
Après le divorce de ses parents, Maya, Angelou fut chahutée entre une mère chanteuse de cabaret vivant à Saint-Louis, une grand-mère stricte qui tenait une épicerie dans l’Arkansas et à qui elle fut confiée avec son frère, un père absent aux rares visites et un beau père entreprenant par qui le malheur arriva : un acte odieux qui la fit arrêter de parler pendant plusieurs années.
C’est avec la précieuse aide et l’œil avisé d’une amie de sa grand-mère, Madame Flowers, qu’elle retrouva foi en la vie, en l’humanité et se passionnera pour la lecture.
Sa voix fut toute tracée pour s’élever dans l’échelle sociale.
Elle qui allait devenir entre autres une poétesse à la renommée internationale, une écrivaine et une militante américaine active pour la défense des droits civiques aux côtés de Martin Luther King et Malcom X.
Retour à la réalité, au poème pour l’investiture de Bill Clinton et c’est sur ces mots « une pierre, un arbre, une rivière » que la fragile mais déterminée Maya, Angelou prend congé de nous.
Margeaux Lampley, Julie Delaurenti, Audrey Mikondo et Tiffany Hofstter complètent cette brillante distribution en apportant une touche d’espoir dans l’homme. Elles ne forment qu’une dans cette évocation d’une grande dame. Dans un travail collectif de grande pudeur, de grande justesse, elles sont cinq à rayonner sur cette scène de La gare du midi : cinq étoiles qui nous ont touchés en plein cœur : on les quitte émus.
Eric Bouvron habitué aux grandes épopées (n’oublions pas son Molière pour Les cavaliers), signe une mise en scène fluide où remonter le temps pour lui est un jeu d’enfant, sans jamais nous perdre dans la narration de l’histoire. Avec générosité il met en lumières ces cinq femmes aux parcours jalonnés de succès.
« Maya, une voix » sur la scène du théâtre de La gare du midi, le 16 mars 2023, un évènement « Les amis du théâtre de la côte basque ».
Prochaines représentations : samedi 18 mars 2023 : Seignanx (40), lundi 20 et mardi 21 mars 2023 à 20h : Paris (18°) – Lavoir Moderne Parisien