A mon seul désir

 « A mon seul désir » sur la scène du théâtre Michel Portal dans le cadre de la programmation des « Absurdités protéiformes » de la Scène nationale du Sud-Aquitain est une histoire chorégraphiée par Gaëlle Bourges sur le thème des tapisseries de La Dame à la licorne.

Une version délicate, dans sa plus simple expression, pour mettre en valeur les cinq sens, voire six, celui du désir, qu’évoquent les six tapisseries de La Dame à la licorne exposées dans le musée national du Moyen-âge de Cluny, au cœur du quartier latin, à Paris.

Des tapisseries dont le fond à la couleur rouge flamboyante sera l’élément fondateur de cette histoire fantastique révélant les secrets que Gaëlle Bourges a décelés dans sa vision animale de l’œuvre.

Sur des pas gracieux apparaissent sur le plateau quatre femmes, à la nudité complète, léchées par des lumières tamisées d’Abigail Fowler et Ludovic Rivière.
Les animaux ne sont-ils pas nus dans la nature ? Alors pourquoi ne pas dans cette allégorie de la jeune vierge accompagnée de sa licorne se servir de cet élément moteur à cette narration interprétée tout en neutralité par Maika Extxekopar. Un timbre de voix n’interférant pas dans l’imaginaire qui envahit nos sens de la vision et de l’ouïe.

Car il est bien question des sens que la nature nous a donnés pour vivre en toute harmonie dans ce monde où la chasteté est encore de nos jours le fantasme de l’homme, au grand dam de Gaëlle Bourges qui voit dans le statut de « vierge » l’apanage de la femme. Pourquoi ne nous préoccupons pas de la virginité de l’homme ? Pourquoi cette Dame à la licorne, le miroir à la main, serait signe de pécheresse ?

Une histoire qui prend forme sous nos yeux attirés par cette nudité qui n’est nullement agressive, où aucun voyeurisme ne vient entraver son déroulement. Comme en son temps où elle fut brodée par des mains délicates, nos quatre Dames viennent silencieusement dans un raffinement étudié, au fil du temps, des saisons, y déposer des fleurs pour y construire dans une version vivante cette toile qui est à nos yeux figée, voire morte. Le paradoxe de l’œuvre d’art qui nous invite à pénétrer dans l’extravagance de son univers.

Une vierge qui revêtira au milieu de la faune révélatrice d’un monde machiste, un splendide costume de Cédrick Debeuf, laissant libre cours à la narration de son histoire dans laquelle l’humour est également présent. La visualisation de l’œuvre qui laisse dans ce silence bienveillant échapper quelques rires régénérateurs, donnant ainsi du relief à cette toile en construction dans sa pensée analogique.
Des rires provoqués par la mise en lumière des animaux représentés sur les tapisseries avec des masques de Krista Argale, comme celui du singe, symbole du plagiat de l’homme  qui dans ses facéties détend l’atmosphère de cette vierge à la recherche de sa licorne, animal farouche à l’incarnation de la pureté, de la chasteté.
Le lion symbole de la force, ou encore le renard celui de la fourberie ne sont pas en reste, tout comme celui du lapin qui représente la copulation, la luxure. Un lapin qui se reproduit à la vitesse de la lumière et qui dans le tableau final assourdissant mis en musique par Stéphane Monteiro a.k.a XtroniK et Erwan Keravec, se complaira dans une orgie frénétique avec ses trente-quatre congénères : tous volontaires pour exprimer sur scène la libération de la Dame.

Des sens qui prendront forme dans le récit avec ces arrêts sur image, symboles des six tapisseries, le temps d’une respiration, afin de mieux reprendre le fil de l’histoire de cette Dame à la licorne qui a fait couler beaucoup d’encre dans ses fantasmagoriques représentations littéraires ou cinématographiques.

Une découverte fascinante de l’univers de Gaëlle Bourges entourée sur scène d’Agnès Butet, Marianne Chargois et Alice Roland, une découverte qui laisse présager dans sa version en langue basque traduite par l’écrivaine Itxaro Borda une visualisation encore plus colorée de son œuvre.

 

« A mon seul désir » sur la scène du théâtre Michel Portal dans la cadre de la programmation de la Scène national du Sud-Aquitain, le 24 février, représentation supplémentaire en langue basque le 25 février.
Prochains rendez-vous des Absurdités protéiformes, le 26 février pour « Vous qui entrez ici », les 28 février et 01 mars pour « Thomas joue les perruques » et du 07 au 11 mars pour « Les gros patinent bien ».

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