Dance me

 

« Dance me », sur la scène du théâtre Quintaou à Anglet dans le cadre de la programmation de la Scène nationale du Sud-Aquitain, interprété par les Ballets Jazz Montréal est un époustouflant hommage au regretté charismatique Leonard Cohen, sur une idée originale de Louis Robitaille mise en scène par Eric Jean.

 

De sa voix chaude et grave sur pas moins de seize chansons et poème, Leonard Cohen va guider subtilement les pas des danseurs du BJM, chorégraphiés, sculptés, par Andonis Foniadakis, Annabelle Lopez Ochoa et Ihsan Rustem. Une idée originale approuvée de son vivant par Leonard Cohen.
Ses thèmes de prédilections : l’amour-passion, la religion, la solitude, ou encore la sexualité seront restitués sur scène dans une harmonie et un rythme à couper le souffle.

Dirigés depuis juin 2021 par Alexandra Damiani, les BJM ont vu le jour en 1972 et depuis cette date n’ont cessé de faire parler d’eux, tant par leur technique alliée à une rigueur imparable qu’à l’esthétisme de leurs créations dans un répertoire contemporain, récompensées en 2020 par le prix de la danse de Montréal, dans la catégorie diffusion internationale.

En ouverture dans un défilé de mode qui donne le ton de la soirée, ce sont quatorze danseurs aériens, habillés en smoking par Philippe Dubuc, qui ont évolué sur scène pour donner vie aux splendides textes de Leonard Cohen dont sa présence, avec l’ombre de l’homme au chapeau magnifié par Yosmell Calderon Mejias, planera doucement tout au long de la soirée sur le plateau habité par les magnifiques vidéos de Gonzalo Soldi, Thomas Payette et Jeremy Fassio de HUB Studio et léché par les lumières éblouissantes de Cédric Delorme-Bouchard et Simon Beetschen.
La magie opère et nous sommes éblouis, scotchés sur nos sièges devant cette profusion de pas, de sauts, de portés, qu’ils soient en solo, en duo ou en groupe. Un enchaînement pendant quatre-vingts minutes dans une folle énergie qui nous donnera la vision de toute l’étendue de l’excellence de leur prestation. Des heures et des heures de travail qui s’effacent devant une finesse d’exécution, à la précision renversante, alliant grâce et poésie, procurant une multitude de frissons qui nous font dresser les poils.

Comment ne pas être sensible à ces chorégraphies dont chaque pas colle à la musique de Leonard Cohen, comme dans cette chanson bouleversante « Dance me to the End of Love », à l’évocation d’un sombre passage de notre histoire. Ou encore sur la chanson « A Thousand Kisses Deep » cette chorégraphie qui nous laisse sans voix avec ces machines à écrire qui prennent vie dans un halo de lumière distillé par la bouche des danseurs, dont les lèvres pulpeuses prennent toute leur éclatante beauté dans un vent de liberté.
Ou encore ce ballet langoureux sous la neige qui tombe comme des plumes légères qui viennent caresser ces corps exprimant toute la délicatesse, la complexité des sentiments dans cette chanson « Famous Bleu Raincoat ».
Sans oublier « Suzanne », le tube planétaire, la femme qui fit chanter Leonard Cohen et son « Hallelujah » à la sexualité résurrectionnelle.

 

Un ballet qui restera gravé dans nos mémoires interprété par les talentueux danseurs : Alyssa Allen, Gustavo Barros, John Canfield, Diana Cedeño, Astrid Dangeard, Hannah Kate Galbraith, Shanna Irwin, Ausia Jones, Jordan Lang, Austin Lichty, Marcel Mejia, Andrew Mikhaiel et Eden Solomon.

Oui les BJM ont fait preuve d’excellence lors de cette soirée qui a enthousiasmé le public leur réservant une ovation debout, largement méritée.

 

« Dance me » sur la scène du théâtre Quintaou, une programmation de la Scène nationale du Sud-Aquitain, le 02 décembre 2022.