« Katia Guerreiro » dans le cadre « destination Portugal » de la Scène nationale du Sud Aquitain au théâtre Quintaou à Anglet, ou le tour de chant d’une Artiste dans l’intimité du fado dont la douleur laisse place à la fantaisie.
Le fado, la chanson populaire portugaise accompagnée à la guitare, a pris place dans la salle du théâtre Quintaou pour un concert qui nous fait voyager dans les quartiers vivants et/ou ensommeillés de Lisbonne, où la tristesse, la mélancolie, se conjuguent à la joie de vivre : la vie avec un grand V, bordée d’amour.
Dans une atmosphère feutrée où les projecteurs, dans une lumière rasante, éclairent les pendrillons tout de noir vêtus, trois praticables attendent leurs musiciens.
L’émotion est au rendez-vous, le silence envahit la salle, les musiciens prennent place, glissent leurs doigts habiles sur les cordes, puis la magie opère. Katia Guerreiro a cappella entre sur scène dans sa robe longue d’un noir étincelant. D’une voix chaude, profonde, elle nous embarque dans son histoire, celle du fado.
Sur quelques mots de bienvenue, elle nous ouvre sans artifice son cœur, guidée dans une transparence pour mieux saisir la quintessence de sa personnalité : la connaître simplement.
Pedro de Castro à la guitare portugaise à la sonorité cristalline, André Ramos à la guitare classique et Francisco Gaspar à la guitare acoustique basse, feront vibrer la voix de cette interprète, de cette figure emblématique reconnue internationalement pour son engagement consacré au rayonnement du fado.
De chansons d’amour en histoires qui frisent le loufoque, Katia Guerreiro nous expliquera par le menu les ingrédients de la recette de ses chansons pour nous pauvres quidams qui ne maîtrisons pas la langue portugaise. Des intermèdes de présentations qui nous feront bien rire pour apprécier ensuite ses chansons qui donnent par la sensibilité de leur interprétation le frisson, sur des mélodies dont les solos des guitaristes accentueront le rythme de la soirée.
Une belle image différente du fado que l’on pourrait se faire dans un premier temps. La tristesse, la mélancolie, ne sont pas les seuls éléments qui le conjuguent : la gaîté est aussi de la partie. Avec une poésie très présente comme fil conducteur de concert, Katia Guerreiro esquisse dans des superbes jeux de lumières, un vibrant hommage à celle que l’on surnomme la « Reine du fado » : Amália Rodrigues.
Des histoires d’amour sous toutes ses formes : de la fille qui rêve en alignant dans ses déplacements les catastrophes, à l’histoire romantique d’un couple qui commence au milieu du trafic urbain en passant par la célébration de la fête de Saint-Antoine à la popularité affirmée.
Des histoires qu’il faut écouter les yeux fermés pour mieux en apprécier leurs saveurs, tant dans leurs joies que dans leurs douleurs.
Katia Guerreiro au parcours révélateur d’une interprète libre et sensible avec son timbre de voix particulier, pleinement au service d’un fado qu’elle vénère, chante, depuis plus de vingt années, pour son public dans une sincérité désarmante qui en fait une admirable ambassadrice.
Son nouvel album « Mistura » sortira comme elle nous l’a annoncé très prochainement…
Katia Guerreiro, hier et aujourd’hui, chante le fado comme une profession de foi dans une ferveur lumineuse. Elle respire la bienveillance, l’amour du prochain, sans ostentation.
« Katia Guerreiro » au théâtre Quintaou, le 22 octobre 2022.