Tumulus

 

« Tumulus » dans le cadre des programmations de la Scène nationale du Sud-Aquitain, Le temps d’aimer la danse et du Festival Ravel a, dans une conception de François Chaignaud pour la chorégraphie et Geoffroy Jourdain pour la direction musicale, donné tout son éclat, sa puissance scénique sur la scène du théâtre Quintaou d’Anglet.

Tumulus selon la définition du Larousse est un « grand amas de terre ou de pierres que l’on élevait au-dessus d’une sépulture, parfois surmonté d’un monument ou d’un trophée ».

Dans un silence de morts apparaît du fond de la salle un groupe de personnes que l’on découvre au fur et à mesure de leur progression. Vêtus d’imposantes enveloppes, ces corps convergent vers ce tumulus dans une procession maîtrisée, lieu d’une rencontre troublante.

Ils sont treize comme la rencontre du christ et de ses douze apôtres lors de la cène, un christ aux allures d’un Jean-Baptiste…ou plutôt d’une Marie Madeleine, où la vie et la mort se conjuguent dans un élan fraternel sur ce lieu symbolique digne d’un Golgotha.

La liaison de ces treize danseurs – chanteurs, chanteurs – danseurs, se fait par une main qui accueille un corps pour ne faire plus qu’un dans un seul geste.
D’un tapotement anodin, un chant grégorien entonné par les hommes fait écho à la réponse de celui des femmes : le rythme est donné pour ne plus le lâcher.
Dans une danse qui s’apparente à un rite, ponctuée par le son de la respiration, sculptant les corps, qui sera la clé de voûte de cette démarche scénique, les corps expriment toute la souffrance et la vie de celui ou celle qui pourrait être à l’origine de leur regroupement autour de ce tumulus, symbole d’une offrande.
Quelques percussions viendront alimenter ces chants et ces souffles qui unissent ces treize mortels dans une même direction.

La célébration de cet engagement dans une messe habillée, chapeautée aux couleurs chatoyantes par Romain Brau où le cœur de ce tumulus conçu par Mathieu Lorry Dupuy bat à tout rompre donne, appuyée par le travail judicieux des lumières de Philippe Gladieux et Anthony Merlaud, une part belle au sacre de l’alliance de la danse, du souffle et de la voix.

Ce pari complètement fou de François Chaignaud et Geoffroy Jourdain est totalement réussi. Réunir sur un même plateau, dans une même ferveur, un même travail, des danseurs et des chanteurs dont on ne peut savoir qui est qui, est une gageure sur laquelle on n’aurait pas parié.
La magie de leurs rencontres opère sous nos yeux subjugués par cette fragilité triomphante d’images spectaculaires : rendre visible l’invisible !

Simon Bailly, Mario Barrantes-Espinoza, Florence Gengoul, Myriam Jarmache, Evann Loget-Raymond, Marie Picaut, Alan Picol, Antoine Roux-Briffaud, Vivien Simon, Maryfé Singy, Ryan Veillet, Aure Wachter et Daniel Wendler, ont chacun dans leur expression, leur geste, leur voix, apporté une étincelle de vie, de lumière, sur ce tumulus à l’apparence inquiétante avec ses ouvertures mystérieuses.

« Tumulus » au théâtre Quintaou d’Anglet, le 11 septembre 2022.

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