Le Montespan

 

« Le Montespan » de Jean Teulé adapté par Salomé Villers dans une mise en scène d’Etienne Launay à la Condition des soies est une visite de l’histoire par le petit bout de la lorgnette pour le plus célèbre cocu du XVIIe siècle.

 

La Montespan vous dit certainement quelque chose, la maîtresse, la favorite de Louis XIV. Eh bien cette histoire prend une tournure des plus cocasses avec les mésaventures de son mari.
Une belle histoire d’amour les unit pour le meilleur et pour le pire, un véritable coup de foudre entre Françoise de Rochechouart de Mortemart et Louis-Henri de Pardaillan de Gondrin, marquis de Montespan.
Pendant plusieurs années ils vont vivre une passion des plus folles, entre deux galipettes ils prendront le temps de respirer et auront deux enfants.

Seulement voilà cette vie insouciante ne remplit pas la bourse et les dettes s’accumulent.
Le marquis ne voit pas d’autre solution que d’aller faire la guerre au nom du roi, espérant des retombées financières. Tout ne se passe pas comme prévu et les dettes ne font qu’augmenter.
Cependant La Montespan par ses bons mots, son esprit, qui font merveilles dans le frivole Marais, devient la dame d’honneur de la reine. Une lueur d’espoir, avec cet honneur, naît pour renflouer les caisses.
Il ne reste plus qu’à gravir les échelons jusqu’à finir dans le lit du roi et par la même occasion lui fournir une descendance non prévue qu’il finira par reconnaître.

L’histoire serait bien simple, bien fade, si on s’en tenait à ces faits.
Le Montespan fou de jalousie, prêt à tout pour récupérer celle « qu’on aime qu’une fois dans sa vie », va déclarer une guerre sans merci au roi, allant même jusqu’à orner son carrosse de cornes gigantesques et s’habiller en habits de deuil. Des effets qui ne feront que le railler par la cour.
Sourd à une remarque qui lui disait que d’être cocu par le roi, c’était la chance de sa vie, qu’il ne fallait pas la rater, son épouse lui rétorquait qu’elle ne pouvait se dérober au désir du roi au risque d’être chassés de France.

Avec de multiples anecdotes mises en valeur dans un humour féroce, Etienne Launay a dans l’esprit du théâtre des tréteaux concocté une cavalcade de situations endiablées plus drôles les unes que les autres.
On rit beaucoup avec cette cuisinière aux accents de « zezette », ou encore avec le beau-père qui a vu sa dette effacée par le roi dans un délire à la de Funès avec sa cassette. Le clou de ces folies est celle du passage hilarant du jeune Don Carlos, complètement abruti, qui a beaucoup de mal avec l’Histoire : Olé !

Des scènes plus prenantes viennent émailler le récit avec notamment celle sur la fin de la vie de La Montespan, ou encore la messe noire sanglante et son décès.
Un Montespan qui avait beaucoup de mal à regarder la tête du roi sur les pièces de monnaie pour payer ses dettes, cela le faisait chier !

Simon Larvaron dans le rôle de Montespan donne toute son énergie pour faire vivre ce personnage au cœur meurtri mais fou de sa belle jusqu’à la tombe. Une belle présence émouvante.
Salomé Villiers dans ses multiples rôles dont celui de La Montespan nous charme avec son œil qui frise et son air coquin, pour une amoureuse des plus convaincantes. Une interprétation qui fut récompensée par le Molière 2022 de la révélation féminine.
Michaël Hirsch est à lui seul un tourbillon de rire avec ses pitreries dignes d’un bouffon du roi ou d’un arlequin. On ne s’ennuie pas une minute à le suivre dans le rôle de la cheville ouvrière.

 

Etienne Launay dans sa mise en scène démoniaque, au rythme très soutenu, assisté de Laura Favier, où l’on comprend dès la première scène que l’on va beaucoup s’amuser, s’est entouré d’une équipe remarquable pour mener à bien son projet : Virginie H pour les costumes, Emmanuel Charles pour le décor, Denis Koransky pour les lumières et Xavier Ferri pour la musique.

Un bonbon rafraîchissant qui se doit d’être dégusté avec enthousiasme, cette adaptation de Salomé Villiers est une vraie réussite et mérite votre détour.

 

« Le Montespan » à la Condition des soies, à 16h00, relâche les lundis.
vue le 160722
A noter sur vos agendas, reprise au théâtre du Gymnase à Paris, le 07 octobre 2022.

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