Une lune de sang dans un ciel de cendre

« Une lune de sang dans un ciel de cendre » de Louise Caron dans une mise en scène de Stéphanie Slimani est un drame, un thriller, qui distille ses bribes de vie dans une blancheur trompeuse.

 

Dans une palette de couleurs qui viennent éclairer cette atmosphère blanchâtre tant par son décor, ses accessoires que par son costume, Louise Caron donne vie à ce personnage d’Etienne Ferrari qui s’incarne dans le corps de Tony Mastropietro, empêtré dans ses draps.

Un seul en scène émotionnel où l’on suit l’ascension fulgurante, aussi vertigineuse que la chute d’un homme, issu de parents immigrés calabrais.

Un enfant comme tous les autres qui ne rêve que de plaisir, de devenir clown par exemple, mais qui aux yeux de son père est complètement stupide. Pour un père tailleur, le fils se doit d’être un médecin ! Telle est la destinée à laquelle Etienne doit s’attendre.

D’autant plus que pour un père qui a une haine farouche des gauchistes, des communistes, qui se sont vautrés dans le mai 68 et qu’il se représente avec un couteau et la faucille à la main, il n’y a pas de salut à faire la révolution, tout simplement parce que c’est régresser.

Un père banal qui n’aspire que le meilleur pour son fils, en faisant chabrot pendant que son fils s’amuse à composer des mots avec les lettres de son potage, laissant libre cours à ses rêves.

Cet Etienne Ferrari que l’on voit parler dans un flux continuel de paroles libératrices d’un mal être s’adresse à un mystérieux personnage recouvert de draps prénommé Jack, qu’il effeuillera au fil de son récit.

Il lui raconte sa vie faite de hauts et de bas, lui qui a eu la fierté de montrer à ses parents sa première feuille de paye issue d’une multinationale la « Univergate ». Une réussite sociale s’accompagnant de ses accessoires de frime avec ses costards de luxe, ses bagnoles et du pognon qui va avec : la belle vie pour un fils d’immigré.

« Guérir de sa naissance, c’est comme sortir du coma, ça laisse des séquelles ».

Mais à vouloir toujours se rapprocher plus près du soleil on se brûle les ailes, et la chute en est d’autant plus sévère.
Il faut rebondir. Il trouvera son « salut » dans la prostitution en devenant à reculons Escort boy, mais à bien y penser la recette n’est pas si mal.
Une lueur d’humour dans cette noirceur du propos avec cette cliente Maude qui l’appellera Harold…
Cet Etienne s’attardera longtemps sur sa vie sexuelle faite de rebondissements croustillants.

Dette de jeu…dette de sang.
Quant à devenir tueur à gages, pour sortir de l’ornière du « chômage », il n’y a qu’un pas qu’il a franchi naturellement. Un pas qui le conduira peut-être vers la folie, en tout cas vers une maison de repos pour rester dans la douceur.
Un homme qui se veut libre et qui n’accepte personne en travers de sa route.

Sur une très belle image de fin, Tony Mastropietro nous aura pendant cette heure où il nous aura conté l’histoire de cet Etienne, tenu en haleine dans une belle présence jusqu’au dénouement.
Une histoire tragique d’un homme qui a voulu à tout prix obtenir la reconnaissance tout en suivant le chemin tracé par sa devise « be the best » mise en scène habilement par Stéphanie Slimani.
Etre le meilleur, oui, mais à quel prix !
De la lune de sang dans un ciel de cendre, il suffit simplement d’une étincelle…

 

« Une lune de sang dans un ciel de cendre » à La tâche d’encre à 15h00, relâche les mardis.
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