La disparition d’Agatha Christie

« La disparition d’Agatha Christie » une comédie policière de Brigitte Kernel et Sylvia Roux dans une mise en scène de Victoire Berger-Perrin à l’espace Roseau Teinturiers est une douceur qui se déguste à l’heure du thé, celui de la Reine naturellement.

 

Nos autrices se sont fait plaisir en écrivant cette comédie basée sur un fait réel d’après le roman de Brigitte Kernel « Agatha Christie, le chapitre disparu » aux éditions Flammarion.

Toutes les personnes passionnées par les romans d’Agatha Christie ne peuvent pas ignorer ce fait divers qui fit la une des journaux pendant de nombreux jours, voire de nombreuses semaines.
Dans la nuit du 3 au 4 décembre 1926 Agatha Christie après avoir fait ses politesses prend le volant de sa Morris Cowley grise et disparaît pendant dix jours. Une femme qui a le permis : non mais où va le monde ! Elle réapparaitra sans tambour ni trompette laissant dans son sillage un petit goût de trop peu.

Elle est partie on ne sait où et déclenche une chasse à la femme pour la retrouver : tout l’effectif de Scotland Yard est sur le qui vive et s’empêtre dans des détails qui le laisse au point mort.
Que ferait Hercule Poirot dans ce cas là…on aurait bien besoin de ses lumières pour résoudre cette enquête des plus délicates, comme celle qu’il a résolue dans « Le meurtre de Roger Ackroyd » tirée de cette affaire et qui valut à Agatha Christie un immense succès.

C’est dans une ambiance musicale de la naissance du jazz que se déroule l’enquête dans l’enquête. Un polar croustillant que nos autrices nous ont concocté !
Nous sommes en 1926, le combat des femmes, des suffragettes, prend de l’ampleur afin de faire entendre leurs droits, mais voilà qu’Archibald Christie s’éprend de sa dactylo et veut divorcer pour l’épouser. Dans ce monde encore trop machiste la femme doit se contenter de faire ce qui plaît à son mari.
Une idée insupportable pour Agatha Christie qui dans un élan de vengeance échafaude son machiavélique plan pour faire retomber les soupçons de sa disparition, voire de son meurtre sur son mari.

C’est une femme libérée de cette société patriarcale, au caractère bien trempé que Sylvia Roux incarne. Une Agatha Christie agrémentée d’un délicieux air mutin aux yeux de biche et au sourire renversant dont aucun homme ne peut résister. Elle prend autant de plaisir à la jouer que nous en avons à la suivre.

On rit beaucoup à écouter toutes les anecdotes qui truffent cette enquête avec ses scènes au montage aussi minutieux qu’une Agatha Christie les aurait pensées dans un esprit tant psychologique que dramatique. Le décor de Caroline Mexme, les lumières de Stéphane Baquet, les costumes de Chouchane Abello, la musique de Pierre-Antoine Durand et les vidéos de Stéphane Cottin contribuent au succès de cette enquête à l’humour british.

Six comédiens se partagent les quatorze personnages que compose cette comédie. Autant dire que la mise en scène au cordeau de Victoire Berger-Perrin ne laisse aucune place à l’improvisation. Dans un rythme soutenu les changements de personnages se font naturellement sans que nous soyons perdus.
Bérengère Dautun est à croquer dans son rôle de la voyante, Thomas Lempire est un digne Archibald Christie qui on doit bien le dire méritait des coups de pied bien placés. Nathalie Lucas a autant de classe dans le rôle de la soubrette que dans celui de la curiste qui nous fait bien rire. Jean-Pierre Malignon représente bien cette police complètement débordée, lui qui n’aspire qu’à une chose : prendre sa retraite…alors la disparition d’Agatha Christie…
Lou Valerie Dubuis en support à ces beaux diablotins donne le change galamment.

Saurons-nous réellement ce qui s’est passé ? A vous de le découvrir lors de votre visite…

 

« La disparition d’Agatha Christie » à l’espace Roseau Teinturiers à 17h00, relâche les mardis.
vue le 130722