« Bien au dessus du silence » dans une adaptation et une mise en scène de Violaine Arsac au théâtre La Luna est un cocktail de morceaux choisis de poètes engagés par leurs écrits.
Il aura fallu pas moins de soixante quatre textes de dix sept poètes différents pour assembler un texte qui se découvre non pas comme une succession de poèmes, de lignes, de verbes, de mots, mais comme un texte à part entière d’une pièce de théâtre avec ses joies, ses peines et ses rebondissements.
Ces poètes qui sont des traducteurs, des déchiffreurs de la vie, nous embarquent dans un voyage, en passant du murmure au cri, sur différents thèmes qui mis bout à bout donnent foi en l’espèce humaine, donnent de l’espoir pour les générations futures.
D’ailleurs à ce sujet pour Violaine Arsac « l’espoir » est un maître mot dans ses réalisations (comme dans sa précédente pièce « La dernière lettre » encore à l’affiche cet été à Avignon avec la délicieuse Marie Bunel (cliquez)).
Ce spectacle de poésie théâtralisée est une pure merveille d’assemblage de textes, de paroles, qui n’ont pas pris une ride, qui sont d’une actualité brûlante dans ce monde en perpétuelle ébullition.
La lumière jaillit au bout du tunnel, il y a toujours un espoir dans la nature humaine pour en extraire le meilleur. Il ne faut pas relâcher son combat, sa lutte de chaque instant, que l’on parle de racisme, de viol, de torture, d’amour, de sexisme, d’homophobie, de prison, il faut écrire, écrire et encore écrire pour en dénoncer l’injustice et sublimer le positif, la liberté de penser, de vivre tout simplement.
On pourrait se poser la question : Est-ce que la poésie est utile ?
Vivre est-ce utile ?…on pourrait répondre à ceux qui n’ont rien, il reste les mots…
Le tonnerre gronde toujours quelque part, mais le soleil brille aussi toujours quelque part. Créer c’est résister, et c’est dans une parfaite communion que nos cinq artistes présents sur le plateau vivent ce challenge, très réussi, de lancer ce défi de vivre dans l’amour de la solidarité pour abolir, les misères, la misère.
La musique toujours très juste de Stéphane Corbin qui colle aux corps de ces comédiens aux belles envolées chorégraphiées par Olivier Bénard joue une partition délicate, celle de souligner sans forcer le trait, le propos. Rémi Saintot pour les lumières et Janie Loriault pour les costumes y participent grandement.
Une union qui permet à l’histoire de progresser naturellement dans une fluidité de mise en scène qui scelle les mots sur les notes, sur les pas, dont Violaine Arsac a le secret, assistée par Stéphanie Froeliger.
De belles vibrations émanent de ces artistes passionnés par leur engagement, par leur envie de transmettre, de rayonner sur un monde perturbé, qui ne sait pas communiquer, qui ne s’écoute pas.
Ils veulent nous faire comprendre, loin de toutes certitudes, que de passer de l’obscurité à la lumière nous permet de résister à la flamme, qui si on n’en prend pas garde, pourrait embraser notre monde fragile.
Il n’y a pas des auteurs, des poètes, mais une universalité du propos qui, réunie dans ce patchwork de l’imaginaire rendu réel, nous fait aimer l’espoir de croire en la vie, en l’humain.
Olivier Bénard, Steven Dacrou, Nadège Perrier, Nicolas Taffin et pour la première fois dans cette distribution Charlotte Durand-Raucher sont de très beaux rayons de soleil unis dans un même esprit de conquête d’authenticité, d’espérance. Une marche vers l’avenir…
« Bien au-dessus du silence » au théâtre La Luna à 13h00, relâche les mardis.
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