« Macbeth – exister, en dépit de l’univers » de William Shakespeare, traduit, adapté et mis en scène par Geoffrey Lopez à la fabrik’ théâtre est une version revisitée de cette tragédie avec la mise en valeur d’un couple en quête d’immortalité.
Dans cette tragédie où les morts s’amoncèlent sur un champ de bataille hypnotisé par des oracles aux masques à gaz terrifiants, tant par leur aspect que par leur sentiment d’oppression, il est bien difficile de se frayer un chemin vers la gloire.
Le couple Macbeth au centre de cette adaptation, meurtri par l’absence de descendance, trouve dans la conquête du pouvoir la rédemption qu’ils sont en « droit » d’attendre.
Lady Macbeth d’une main habile organise cette conquête.
Son Mari le général Macbeth au service de Duncan, roi d’Ecosse, accompagné de son ami le général Banquo, mettent tous deux en déroute les ennemis du royaume et rétablissent la paix en son sein.
Sur le chemin du retour, en direction du palais royal, des oracles leur annoncent des présages des plus troublants mais des plus gratifiants.
Seulement tout ne se passe pas comme prévu et le roi Duncan dans la faiblesse de sa maladie contrarie quelque peu les présages annoncés.
C’est tout auréolés de leur victoire que les deux généraux se voient déjà en haut de l’affiche ayant à l’oreille les annonces des oracles.
Seulement le roi Duncan a choisi pour lui succéder son fils aîné Malcolm.
La faim justifiant les moyens, il va falloir en passer par le régicide pour accomplir les prédictions des oracles et c’est sous l’engouement de Lady Macbeth que tout va s’accomplir.
Plus rien n’arrêtera la folie meurtrière du général Macbeth autoproclamé roi d’Ecosse : ceux qui oseront se mettre en travers de son chemin, de sa gloire, en payeront le prix fort.
« L’avarice est le nom de l’épée qui tue les rois ».
Les Macbeth, un couple qui se bat pour exister, en dépit de l’univers.
L’adaptation et la mise en scène de Geoffrey Lopez, au rythme soutenu dans une transposition moderne, habillée de ses treillis et de ses Rangers, avec ses pieds de nez à l’actualité, donnent de la lumière à cette sombre tragédie, complétées par le ballet des oracles qui à plusieurs reprises cadence l’irréparable, notamment avec leur scène d’introduction semblable à une danse vaudou.
Johanna Boyer-Dilolo pour les lumières, Valentin Ménissier pour la musique, Claire Faurot pour la chorégraphie et Nicolas Meunier-Gatineau pour les combats font chacun dans leurs domaines corps avec ce texte puissant, avec les comédiens qui évoluent dans ce plan machiavélique orchestré d’une main de fer dans un gant de velours.
Le couple mythique de cette adaptation est composé de Geoffrey Lopez qui est à la fois un Macbeth attendrissant et effrayant, soutenu par une Lady Macbeth interprétée tout en nuances par Cécile Genovese. Les oracles « aériens » à l’origine de cette folie meurtrière sont interprétés par Marion Le Bihan, Thierry Garnier et Grégoire Roqueplo.
Xavier Girard interprète quant à lui l’ami dévoué de Macbeth, le général Banquo et Antoine Fichaux le jeune et intègre colonel Macduff.
Le roi Duncan est joué sous les traits bienveillants de Rémy Scaramuzzino.
Une belle troupe soudée qui se donne du plaisir dans les larmes, le sang et la poussière, tout en nous le restituant intelligemment.
Conjurons le sort et n’hésitons pas à appeler « Macbeth » cette pièce qui vous surprendra plus d’une fois. Un très beau travail d’adaptation et de réalisation.
« Macbeth – exister en dépit de l’univers » à la fabrik’ théâtre à 14h, relâche les mercredis.
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