La grande musique

 

« La grande musique » de Stéphane Guérin dans une mise en scène de Salomé Villiers au théâtre Buffon est une saga familiale sous couverture de psychogénéalogie.

 

Nouvelle visite cette année pour voir « La grande musique » avec Florence Muller dans le rôle de la mère et je suis toujours autant sous le charme de cette famille qui nous distille ses secrets.

Nous plongeons dans l’univers d’une famille qui comme bien d’autres cache des secrets qui finissent par peser lourds pour certains membres.

Dans l’insouciance de la fête d’un mariage, de son bal auquel nous sommes conviés, nous découvrons la tribu composée de Marcel l’aïeul, Esther la mariée (pour l’anecdote, elle en est à son troisième), Nelly et Georges les parents (ça commence à leur coûter cher), Hervé le frère et Pierre, Pierre enfin quoi Pierre.

Comment raconter cette histoire sans tomber dans le déjà vu ?
Il faut l’ingéniosité de Stéphane Guérin pour nous tenir en haleine, lui qui distille scène par scène les pièces du puzzle qui s’emboîtent parfois dans la douleur, parfois dans l’euphorie, via le fil conducteur de l’intrigue, la mémoire, en la personne de Marcel.  En quelque sorte c’est lui qui mène le bal et quel bal !

C’est Brice Hillairet qui tient magistralement ce rôle. Il capte l’attention sans vouloir tirer la couverture à lui, sa présence est lumineuse, réconfortante, du très beau travail.

Cette mémoire qui hante la famille, qui apparaît, disparaît au gré de la progression des recherches peut simplement nous poser cette question : « Est-ce que la mémoire hante les générations comme une maladie génétique ? ».

L’auteur a imaginé une partition où les notes seraient folles, où il serait impossible pour le musicien d’interpréter cette grande musique, encore moins pour le chef d’orchestre de la diriger.

Mais quel secret hante cette famille dont les parents veulent cacher l’existence et les enfants le découvrir ? Au point de sentir au plus profond d’eux un mal être qui les paralyse, les empêche de s’épanouir, de réussir leurs vies, pensez donc Esther en est à son troisième mariage…et ce n’est pas mieux pour le frère homosexuel, qui vit dans ses rêves, qui n’arrive pas à se stabiliser, à trouver l’amour. Il devrait écouter sa mère, protectrice de sa progéniture, jouée par Florence Muller, qui lui rappelle qu’il ne peut pas aimer quelqu’un qui n’existe pas…
Une mère qui par vents et marées tiendra le cap pour accomplir son devoir, au détriment de sa vie. Un jeu tout en nuances rempli d’émotions palpables dans chaque scène.

« Le corps a une mémoire et l’on n’en a pas toujours conscience. »

Une mémoire qui va nous faire voyager, sur une musique prenante de Raphaël Sanchez, ah ce violoncelle quel bonheur, dans des décors de Georges Vauraz, du bal du mariage à un studio de télévision en passant par Munich et Mauthausen…serait-ce une des clés du mystère…

 

 

A noter la performance de Bernard Malaka, qui tient également le rôle du père, dans le présentateur TV, au phrasé hilarant, il transperce le petit écran.

La difficulté pour cette tribu est de trouver sa place dans la Famille.

Hélène Degy dans le rôle d’Esther nous charme par son jeu sincère, elle déploie toute son énergie pour trouver le saint graal, aidée en cela par des bras bienfaiteurs en la personne de Pierre, le fameux Pierre, joué tout en lumière par Etienne Launay. Le frère est également de la partie et c’est avec malice que Pierre Hélie se glisse dans la peau de ce personnage avec saveur.

Salomé Villiers signe pour cette pièce une performance de mise en scène : elle ne se voit pas. Tout paraît tellement naturel que l’on a l’impression que les comédiens ont trouvé le positionnement des pièces du puzzle spontanément.
A la question que je lui posais à l’issue de la représentation, à savoir si son Molière de la révélation féminine influençait les réservations, elle me répondit humblement que la généalogie était un phénomène de mode et qu’ils surfaient dessus ; à tel point que le magazine Historia lui consacre son numéro des mois de juillet-août : « A la recherche de nos ancêtres ».

Il n’y a pas à tergiverser, il faut aller assister au bal, au concert de la grande musique !

 

« La grande musique » au théâtre Buffon, jusqu’au 31 juillet à 19h20.
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