L’école des femmes

 

« L’école des femmes » de Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière, à La gare du midi à Biarritz dans une mise en scène d’Antony Magnier, par la Compagnie Viva est une folle aventure burlesque aux inflexions circassiennes.

 

La Compagnie Viva nous avait agréablement surpris avec le Dindon de Georges Feydeau mis en scène par Antony Magnier qui a l’art et la manière de réduire à sa plus simple expression la distribution des comédiens sur scène.
L’école des femmes, une pièce qui compte huit personnages à l’origine (sept à la création) pour arriver dans cette version à trois comédiens, qui se distribuent tous les rôles, enfin excepté celui d’Arnolphe, un rôle écrasant remarquablement interprété, dans une justesse de jeu au cordeau par Mikael Fasulo.
Cette réduction des personnages est un tour de force qui est synonyme de sa marque de fabrique.

Il ne vous a pas échappé qu’en 2022, nous célébrons l’anniversaire de la naissance de Molière en 1622. Quatre cents ans nous séparent de son génie créatif, ses pièces sont toujours aujourd’hui d’une actualité brûlante.

« L’école des femmes », une comédie en cinq actes, en  vers, créée au théâtre du Palais-Royal en 1662 (année du mariage de Molière avec Armande, de vingt ans sa cadette et fille de Madeleine Béjart, feu sa maîtresse) a pour argument, un homme d’un âge avancé, Arnolphe, qui a pour projet d’épouser Agnès, sa jeune pupille, également de vingt ans sa cadette…
Vous savez celle qui répond à la question d’Arnolphe : « Quelle nouvelle » : « Le petit chat est mort ».
Arnolphe compte tenu de la différence d’âge a une peur bleue d’être cocu. Il l’isole du reste du monde, tel un animal de compagnie logé dans sa niche, qui lui obéit au doigt et à l’œil, la privant ainsi de liberté.
Mais la laissant vivre dans la plus pure innocence, également dans une niaiserie qu’elle partage avec le valet Alain et la servante Georgette, tous deux chargés de la surveiller pendant l’absence de leur maître Arnolphe, qui ne vit pas avec eux.
Escagassée d’être isolée, un jour se penchant à sa fenêtre, elle aperçoit un beau jeune homme qui la salue et la fait rougir de plaisir. Leurs saluts mutuels donnent naissance à une idylle des plus romantiques qui ne fera que croître au fil de leurs chastes rencontres.
Tel est pris qui croyait prendre : Arnolphe avec sa bêtise fascinante provoque à ses dépends une pitié et ne pourra que s’incliner devant un amour fusionnel.

On rit beaucoup dans cette pièce tant par les répliques grinçantes à la diction parfaite, qu’aux jeux de mots cruels qu’une chaste oreille ne devrait pas entendre, que par l’adaptation complètement burlesque d’Antony Magnier, avec les valets masqués comme des clowns, à l’accent canadien, aux répliques additionnelles hilarantes. Des anachronismes étudiés, réjouissants viendront s’intercaler dans le texte de Molière.
Outre l’ambiance circassienne et la poupée mécanique, nous aurons droit au burger, à « i come back » ou encore des micros qui viendront amplifier une scène primordiale.

Nous sommes au cirque, vous dis-je, vous me direz cela se prête bien à cette intrigue proche d’une farce, Arnolphe étant le monsieur Loyal, ponctuée par des scènes tendres, émouvantes.

Accueillis par une roulotte, nous découvrons une danseuse, telle une poupée mécanique habillée par Mélisande de Serres pour les costumes (tous les costumes aux couleurs chatoyantes) et Charly Hové pour le travail colossal des lumières avec sa lune aux couleurs de l’amour.
Une poupée qui danse sur une musique reconnaissable dès les premières intonations. Une musique de Mathias Castagné qui nous accompagnera tout au long de la pièce pour souligner un rythme très soutenu de la mise en scène avec des comédiens qui courent un marathon. Il faut avoir du souffle pour jouer une telle adaptation.
En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, Eva Dumont, change de costume, de jeu, d’intonation, d’attitude dans une précision stupéfiante pour jouer à la perfection Agnès, Georgette, Oronte, tout comme le fait Victorien Robert pour les rôles d’Horace, Chrysalde et Alain. Tout simplement on y croît, on se laisse emporter par leur grain de folie  et on s’amuse beaucoup.

Anthony Magnier est complètement fou, on l’adore, on le suit dans son délire et sa géniale mise en scène dépoussiérée, aux perruques modernes, tradition oblige, que Molière aurait certainement appréciée : l’homme de son temps.
J’avais qualifié son dindon au sommet de son art, mais je dois dire que pour cette école des femmes, il se surpasse !

« L’école des femmes », le 19 mai 2002 à La gare du midi à Biarritz, un évènement organisé par « Les Amis du théâtre de la côte basque » et toujours programmée au Lucernaire à Paris : à ne pas manquer, n’hésitez pas à en parler à vos proches !

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