« Faux départ » de Jean-Marie Chevret au théâtre Le Colisée à Biarritz dans une mise en scène de Virginie Mahé est une comédie de mœurs sur le couple à l’aube d’un nouveau départ…pour cause de retraite…
La Covid aura eu un effet bénéfique pour les Biarrots, celui de la naissance de la troupe amateur « La Compagnie la troisième rue » : comme ils disent un pied de nez à la morosité ambiante !
Pour continuer dans cet esprit, ils nous présentent une comédie de Jean-Marie Chevret. Un auteur, monté à Paris pour suivre les cours Simon, à l’esprit qui vagabonde à la vitesse de la lumière, à tel point qu’il ne s’embarrasse pas de taper ses textes mais de les dicter, tout en réfléchissant dans son bain à la construction de ses personnages.
Vous connaissez tous cet auteur avec ses succès comme par exemple « Le Squat » où au sens propre comme au sens figuré, il donna l’occasion à de belles étincelles entre Marthe Mercadier et Claude Gensac. Une autre de ses comédies qui a eu un franc succès : « Les Amazones » où Chantal Ladesou en y mettant son grain de sel emporta le public dans des fous rires.
Ce soir, c’est une comédie qui fit les beaux jours du théâtre Rive Gauche, dans une mise en scène du talentueux Thierry Harcourt, qui nous est proposée.
Une comédie de mœurs qui n’a qu’un seul but, outre le message qu’elle veut bien faire passer, celui d’émouvoir et de faire rire en oubliant pour une fois le traditionnel rapport mari cocu avec l’amant dans le placard.
Une émotion qui traverse un couple dans lequel le mari Jean Marmion tout juste retraité de l’enseignement supérieur n’aspire qu’à une seule chose, se retirer dans sa maison secondaire tourangelle (l’auteur ne renie pas ses origines) pour y vivre une paisible retraite, dans la douceur de la vie campagnarde, loin de l’agitation parisienne.
Mais c’est sans compter sa femme Odile qui au contraire a besoin de cette atmosphère parisienne pour s’épanouir, telle une fleur en manque de fantaisie.
Elle qui par amour a sacrifié sa carrière naissante de comédienne, n’aspire qu’à une chose, revivre les intenses émotions que procure l’atmosphère des planches.
Un équilibre du couple remis en question, mais le hasard faisant bien les choses, pour des contraintes budgétaires, la sœur omniprésente de Jean, Marie-Claire, leur propose de louer leur chambre devenue « amis », leurs fils battant, depuis des décennies, de ses propres ailes.
Et qui se présente, je vous le donne en mille, une apprentie comédienne qui redonnera le sourire, la joie de vivre à Odile. Elle qui commençait à se morfondre à l’idée encore une fois de se sacrifier pour suivre son mari dans la tombe de l’anonymat.
Dans la fébrilité d’une première, nos quatre comédiens se sont appropriés avec délices les répliques douces amères de Jean-Marie Chevret où les scènes tendres, loufoques, leur permettent de chausser leurs nouvelles pantoufles de comédiens dans une connivence naissante.
Dans une mise en scène habile de Virginie Mahé, ils mènent tambour battant la progression de cette histoire aux rebondissements guillerets.
Jean-Claude Soria, dans une optique toute tracée, se plonge avec détermination dans son rôle de mari qui a passé le stade de l’adolescence pour celui de retraité, Quiterrie Idiart dans le rôle de la sœur se démène avec folie pour tisser les liens qui permettront à ce couple de retrouver un juste équilibre, Marie Bourquin, notre apprentie comédienne, est l’aiguillon de service qui avec toute son énergie déclenche les éclairs de la foudre sous-jacente et Isabelle Defoly dans le rôle de la femme, de la mère, de la comédienne sacrifiée, nous émeut dans sa scène de la libération.
« Faux départ » au théâtre Le Colisée à Biarritz, les 31 mars et 01 avril, le 02 avril au théâtre d’Albret à Vieux-Boucau et le 14 mai au studio 40 à Hossegor. D’autres dates sont en préparation, à surveiller !