« Un chalet à Gstaad » de et mis en scène par Josiane Balasko au théâtre La Gare du Midi à Biarritz est une vision très décapante de la vie de ces pauvres nouveaux très très riches.
Entre deux cigarettes et deux ongles, Josiane Balasko a piqué dans ses relations, à gauche et à droite, des répliques qui font mouche à tous les coups, qui déclenchent les rires dans une caricature à peine exagérée.
Ce soir, plus de mille personnes n’ont pas boudé leur plaisir de passer une soirée dans la bonne humeur.
Grâce au travail soigné de Stéfanie Jarre, mis en valeur par les lumières de Laurent Béal, nous découvrons le salon du chalet d’un couple nanti, ayant une magnifique vue sur un glacier, réchauffé par un feu de cheminée qui prête à la nonchalance.
Françoise Lombard, à la vie privée très secrète, en déshabillé à la plume légère, se fait manucurer ses petits petons pendant que son mari Jean-Jacques Lombard, heureux lauréat du concours Lépine qui a fait sa fortune, lit une revue financière : il travaille !
L’oisiveté de nos deux tourtereaux à ses limites. Elle s’ennuie et ne sait pas comment dépenser son argent, de la caisse commune, détail qui a son importance.
Lui vient l’idée d’inviter, après moult recherches, un couple d’amis pour passer la soirée.
Et son dévolu tombe sur Alicia et Grégoire Lagarde. Comme dit justement Josiane Balasko, bien qu’elle soit une aristocrate richissime, elle est bête à manger du foin tandis que son mari, un fils à papa, est un industriel qui a réussi à couler l’entreprise familiale. Ce n’est pas non plus une lumière dans sa catégorie.
Deux couples de nouveaux riches, des exilés fiscaux qui font tout pour se la couler douce.
Le grain de sable qui enraye la quiétude de ce quatuor fortuné vient par l’entremise du coach spirituel qui accompagne le couple des Lagarde. Il leur annonce, sans ménagement, par une fuite mystérieuse, que leurs fortunes pourraient bien s’envoler…la ruine au bout du tunnel.
Soyons clairs, c’est plutôt un gourou qui conviendrait le mieux pour le nommer. L’amour rend aveugle mais la bêtise aussi et la richissime Alicia ne voit plus que par ses préconisations de vie qui font dépenser au couple des fortunes, même si à leurs yeux ce ne sont que des peccadilles. Ils sont sous son emprise totale et il en profite bien…
L’alcool aidant, les langues vont se délier, le vocabulaire aussi comme l’affectionne particulièrement Josiane Balasko, et la soirée va prendre un virage de règlement de comptes à O.K. Corral.
Quatre riches, mais issus de deux mondes différents, vont révéler leurs vraies natures. A coup de répliques bien piquantes, bien réalistes, bien fleuries, Josiane Balasko dépeint, dans une accélération de jeu bien calculée, un monde qui nous est familier par la presse people. Un monde répugnant, à vomir, où chacun va y aller de sa flèche pensant qu’elle va atteindre son objectif de déstabiliser « l’adversaire ». C’est un lavage de linge sale en règle dans ce monde où règne le pouvoir de l’argent comme seule motivation de vivre.
Seule au milieu de ce capharnaüm la serveuse, la pimpante Justine Le Pottier, viendra nous redonner un peu d’espoir dans la nature humaine depuis sa cuisine, un monde totalement inconnu de nos protagonistes, qui ralentira le rythme de ce combat de boxe.
La recette du ragout de l’amitié et la séance de médiation dans une respiration bien particulière orchestrées par l’énigmatique George Aguilar, vont emporter le public dans des rasades de rires.
Josiane Balasko qui sait nous émouvoir, comme par exemple son rôle de mère dans le film « Grâce à Dieu » de François Ozon, brille de mille feux avec sa parure complète de diamants, elle s’éclate dans son rôle de nouvelle riche aux accents terriens. Son mari, Stéphan Wojtowicz, qui m’avait bien fait rire dans « Hard » (cliquez), est celui qui semblerait, dans un flegme fébrile, le plus raisonnable dans cette réunion explosive. Armelle dans son rôle d’aristocrate bien perchée alourdie par son collier d’émeraudes, à la chevelure indomptable et au regard halluciné, est savoureuse à souhait avec ses sorties lunaires. Philippe Uchan quant à lui, nous fait beaucoup rire, le whisky aidant, par ses réparties qu’il ne maîtrise plus et qui ne font que jeter de l’huile sur le feu.
« Un chalet à Gstaad » le 08 février à La Gare du Midi de Biarritz, en tournée dans toute la France, et reprise au théâtre des Nouveautés, à Paris, le 22 septembre 2022.