« Times square » de Clément Koch au Théâtre Montparnasse dans une mise en scène de José Paul est une plongée dans les amertumes de la vie d’un acteur sur le déclin.
Le duo de Tonquédec – Koch fonctionne à merveille puisqu’ils ont joué ensemble « 7 ans de réflexion » de George Axelford au théâtre des Bouffes Parisiens (cliquez). Une complicité qui se retrouve dans les dialogues piquants, pointés d’humour, parsemés de jeux de mots, que Clément Koch a échafaudés pour son complice Guillaume de Tonquédec.
Nous restons à New-York pour nous retrouver au 15ème étage d’un building donnant sur Times Square, à la vue imprenable, non sans danger. Un appartement défraîchi qui a une histoire comme celle de notre héros, fort bien mis en valeur par Edouard Laug soutenu dans les passages du temps par les lumières de Laurent Béal sur les notes frissonnantes de Romain Trouillet.
De publiciste Guillaume de Tonquédec devient un acteur sur le déclin, addicte de sa bouteille de whisky, fidèle compagnon qui l’aide à passer ses journées en oubliant sa raison d’être. Un appartement dont son frère généreusement lui laisse la jouissance jusqu’à « son rétablissement ». Une fratrie qui n’est pas sur la même longueur d’onde mais qui a le bonheur d’exister. De savoureux échanges en témoignent. Un frère joué tout en nuances, en bienveillance par Marc Fayet qui a le don de dédramatiser les situations et d’attirer la sympathie. Un amour mutuel qui ne demande qu’à raviver sa flamme.
Car cet acteur a dû mettre fin brutalement à sa carrière, en laissant tomber le rideau, à cause de son addiction. Une fin qui se voudrait temporaire s’il acceptait de se reprendre en main, lui qui est le maître du mot, le maître du verbe et de son jeu, au lieu de refuser tout ce qu’on lui propose.
Astucieusement l’auteur bascule la situation dans l’envers du décor, le théâtre dans le théâtre, en nous donnant un cours magistral sur le métier d’acteur. Un cours qui va permettre à notre héros de confronter ses vieilles habitudes, ses réflexes de vieux briscard de la comédie, qui sembleraient ne pas avoir pris une ride, avec une jeunesse volontaire : chassez le naturel, il revient au galop.
Dans ce jeu du miroir, qui doit avoir le trac : les acteurs ou le public ?
Une confrontation avec la jeunesse, en la personne dans un premier temps d’un jeune brisé lui aussi par la vie mais pour un autre motif, qui pour survivre joue costumé devant l’immeuble, pour les touristes en recherche d’amusement, le super Bunny. Une rencontre ponctuée par un défaut de prononciation qu’il travaillera aux côtés du maître. Puis par une jeune serveuse, à l’ambition non dissimulée, qui n’a pas sa langue dans sa poche, qui donnera du fil à retordre à notre acteur en mal de reconnaissance, en voulant se présenter à une audition : pour y interpréter la fameuse scène de Roméo et Juliette…dans une version très paillettes.
Une partie de ping-pong avec un trio qui évoluera à la fois dans une confrontation explosive et une complicité réconfortante. Des écorchés de la vie qui dans une passion commune iront dans le même sens : tout droit.
Arriveront-ils à se comprendre ? A combattre leurs démons respectifs ? A travailler dans la même unité ? Celle qui ne voit pas les défauts de l’autre mais ses atouts, son potentiel de réussite. Ils ont dix jours pour relever le défi, pas un de plus !
Petit à petit la mayonnaise se lie pour prendre forme, pour se transformer en un succès retentissant. La mise en scène de José Paul donne un ton salé-sucré à cette rencontre de générations dans une définition précise où la fluidité laisse place à l’exactitude des sentiments. Un travail d’orfèvre de direction d’acteurs pour un metteur en scène qui aime sans aucun doute les comédiens.
Guillaume de Tonquédec nous emporte dans la reconquête de sa vie avec une présence à la fois touchante et exaspérante pimentée par des crises d’autorité qui prêtent à rire. La maladresse de la peluche vivante incarnée généreusement par Axel Auriant, à la fragilité rayonnante, nous donne envie de le réconforter, de le prendre dans nos bras. Et la tornade qui bouscule tout sur son passage, jouée par Camille Aguilar, explose sur scène pour attirer tous les regards dans une énergie déployée avec justesse.
Un quatuor d’acteurs qui fonctionne à merveille dans un délire comique et farfelu.
« Times square » au théâtre Montparnasse, du mardi au samedi à 20h30, matinées le samedi à 17h et le dimanche à 15h30.
Coucou La pièce t’as plu alors , j’ai pris des cours de peinture pendant des années avec la maman de Camille que je connais un peu et que je suis du coup ! Et j’aime beaucoup Guillaume de Tonquelec
Envoyé de mon iPhone
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Oui c’est une bonne pièce et les deux jeunes sont excellents. Mais je n’ai pas trouvé Camille sur Facebook pour lui envoyer mon billet.
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Belle pièce pimentée de Clément Koch servie par Une excellente troupe de comédiens . L’écriture comme la mise en scène donnent la part à chacun. J’ai ri et ai aussi été très touchée par la relation des deux frères écrite toute en finesse. Bravo à tous
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