L’hirondelle

« L’hirondelle » de Guillem Clua au théâtre Hébertot dans une mise en scène d’Anne Bouvier est une ode à la tolérance.

Je suis encore sous l’émotion que m’ont procuré ce texte et cette interprétation au moment où j’écris ce billet. Un texte qui vous prend aux tripes et qui vous brouille la vue, dont vous ne sortez pas indemne.

 

Guillem Clua, un auteur méconnu en France mais dont la notoriété n’est plus à faire en Espagne nous propose un texte remarquable sur le thème de la communication, de l’amour et de la résilience. Un texte qui sans aucun doute serait « approuvé » par Boris Cyrulnik.

Sans dévoiler l’intrigue de cette rencontre entre une professeure de chant qui vit un drame personnel à plusieurs titres et un jeune homme venu prendre des cours de chant, nous assistons à la naissance d’un dialogue entre deux écorchés vifs.
Une professeure qui est dans un travail de deuil et un élève qui est dans un travail de résilience. Le chant pourrait-il les aider à surmonter leurs épreuves ?

Guillem Clua a su nous toucher au plus profond de notre être pour que nous prenions conscience, si ce n’est déjà fait, de l’importance du dialogue, de la communication entre les parents et leurs enfants. L’amour qu’ils peuvent se porter les uns aux autres ne suffit pas à briser les barrières de l’acceptation de l’autre tel qu’il est, tel qu’il vit.

Carmen Maura et Grégori Baquet jouent une partition dans laquelle aucune fausse note ne vient perturber cet échange entre deux personnes liées par un même destin.
Seront-ils s’écouter, se comprendre ? Tel est le superbe texte que nous offre l’auteur où chaque réplique vient trouver tout naturellement, en simplicité, sa place dans ce puzzle de la vie. Ils cisèlent, décortiquent tout en finesse les comportements humains avec ses mots remplis d’amour.

Seront-ils se sauver mutuellement de cette rencontre par l’analyse de leurs comportements pour aller, regarder, dans la même direction qui au bout de leurs tunnels respectifs apportent le réconfort, la paix intérieure, la confiance en soi, où la haine n’a pas sa place ; même si l’un des deux est en avance sur ce travail ?

Des thèmes riches porteurs d’échanges constructifs tels que l’agression, la rupture amoureuse, l’homosexualité, les attentats, la souffrance, sont abordés sans complaisance mais avec délicatesse. Et c’est le fruit de ces échanges qui fournira à ces deux âmes la voie de leur avenir.

Carmen Maura, que nous connaissons en France par ses rôles dans les films de Pedro Almodóvar ou encore dans « Les femmes du 6ème étage » de Philippe Le Guay, dans le rôle de Maria nous accueille autour de son piano, dans son intérieur chaleureux, décoré avec goût par Jean-Michel Adam où des photos de son fils parti trop tôt viennent souligner l’intrigue. Carmen Maura « est » une mère qui souffre dans la dignité mais qui reste positive. Avec un charisme indéniable, elle illumine par sa présence la scène, donne vie dans un réalisme déconcertant à cette mère un peu dépassée par l’époque dans laquelle elle vit.

Grégori Baquet quant à lui incarne brillamment cet élève venu prendre un cours de chant, cet amant qui a bien compris ce que la résilience pouvait lui apporter pour surmonter les épreuves qu’ils traversent. Un Grégori Baquet que j’avais admiré dans « Hamlet » de William Shakespeare et inoubliable dans « Adieu monsieur Haffmann » (cliquez). Avec son sourire désarçonnant, il a une palette de jeu dans l’émotion qui vous subjugue.

Ils nous offrent tous les deux une prestation bouleversante, époustouflante.

Mais cela n’aurait pas pu prendre corps sans la mise en scène élégante d’Anne Bouvier, fabuleuse dans « Mademoiselle Molière » de Gérard Savoisien qui lui valut un Molière (cliquez), assistée par Emilie Chevrillon. Une mise en scène qui s’efface pour mettre en valeur le jeu des comédiens. Elle souligne par ses déplacements, ses silences, la montée en puissance du dialogue, jusqu’à la scène finale qui nous donne espoir dans l’être humain, dans la vie. Un travail d’orfèvre où chacun navigue sur le fil de l’histoire sans trébucher.

Je ne serais pas étonné que cette pièce remporte des Molière.

« L’hirondelle » au théâtre Hébertot, du mardi au samedi à 21h, dimanche à 15h, jusqu’au 20 mars.

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