Gernika

 

« Gernika » un ballet du Collectif Bilaka au Théâtre Michel Portal de Bayonne – Scène nationale du Sud-Aquitain, chorégraphié par Martin Harriague est une boule d’énergie qui fait revivre ce terrible drame survenu dans le Pays basque.

 

Un peu d’histoire pour comprendre la genèse de la création de ce ballet par le jeune et talentueux chorégraphe Martin Harriague, natif de Bayonne, dont j’avais découvert sa précédente création dans « Le Sacre du Printemps » (cliquez).
Un danseur séduit dès son plus jeune âge par Michaël Jackson, puis un chorégraphe qui a fait ses armes sous l’aile bienveillante de Thierry Malandain, à l’avenir prometteur lui qui a remporté en 2016 dans le concours des jeunes chorégraphes, organisé à Biarritz, le prix des professionnels ainsi que celui du public.
Revenons à Gernika, une ville du Pays basque espagnol, aux charmes d’une petite ville de province, qui a vu sa destinée marquée au fer rouge le 26 avril 1937 par les escadrons de la mort, ceux de la légion Condor d’Hitler, venus soutenir le général Franco. Une ville pilonnée pendant plus de trois heures, un jour de marché, où d’aucuns ne s’attendaient à voir leurs vies basculer dans l’horreur, dans la mort.
L’Histoire retiendra de cet épisode tragique un massacre militaire de civils innocents.

Martin Harriague donne dans ce ballet, à la chorégraphie bousculée, une bouffée de poésie dans ce drame. Un drame qui vous prend aux tripes dès le début, marqué par le son répétitif du martèlement d’un tambour annonciateur d’une tragédie et la vision de ce petit piano d’enfant à la couleur étincelante d’un rouge vif, qui me rappelle la petite fille du film « La liste de Schindler » au milieu de ce collectif tout de noir vêtu.
Danseurs et musiciens unis dans le chant et la musique : un accueil laissant présager un bouleversement.

Un ballet qui donne la part belle tant aux musiciens présents sur le plateau qu’aux cinq danseurs du Collectif Bilaka.

Il y a un avant et un après : comme nous ne savons que très peu de choses sur le déroulement de cette journée du 26 avril, Martin Harriague a voulu à la fois nous faire revivre cette catastrophe en l’associant à l’insouciance de la Vie d’un village, comme par exemple une fête avec sa danse traditionnelle du Fandango. Une danse représentée dans de nombreux tableaux comme ceux exposés dans le musée Basque de Bayonne, peints entre autres par le célèbre Ramiro Arrue.

Une joie et une bonne humeur dansées dans une énergie débordante qui a surpris Martin Harriague lors des répétitions. Mais aussi par la densité de leurs rapports pendant cette danse aux contacts verbalisés et à la rapidité de ses pas.
Une insouciance aussi associée à la joie de ce paso doble dansé frénétiquement qui nous fait oublier « Gernika ».

Mais le tonnerre gronde et se profile à l’horizon l’arrivée des escadrons…une future boucherie représentée par la descente de ces obus venus du ciel comme une pluie d’étoiles mais à la destinée effroyable et ces immeubles qui s’effondrent en laissant pleuvoir sur le plateau leurs poussières… « Tu es poussière et tu retourneras poussière ».
Dans cet enchevêtrement de cette descente aux enfers, il y a cet obus marqué par la lumière d’un rouge vif comme celle du piano…où une maman semble désorientée en tenant dans ses bras son enfant au milieu de ce chaos. Où encore cet homme qui perd ses repères devant la mort de son cheval, où bien encore aussi par cet homme qui a tout perdu, à la nudité révélatrice, marquant sa folie naissante par de petits cris.

La vie avec ses sourires s’entrelace avec la mort dans un ballet riche de danses folkloriques laissant les danseurs tourbillonner dans un vent de folie. Une chorégraphie exaltante à l’inspiration révélatrice d’un talent confirmé, aux pas mesurés et aux mouvements précis.

Une chorégraphie qui associe dans une pensée maîtrisée la musique, présente comme les battements d’un cœur, à celle des pas des danseurs, unis dans une même passion.
Trois musiciens et cinq danseurs sous la coupe de Martin Harriague ont réussi le pari de nous faire revivre ce drame dans une intensité qui nous laisse sans voix et saluer par une « standing ovation » bien méritée.

Dans un formidable travail collectif : Patxi Amulet à l’accordéon, clavier et chant, Xabi Etcheverry au violon, alto et guitare, et Stéphane Garin aux percussions donnent le rythme aux danseurs Arthur Barat, Zibel Damestoy, Ioritz Galarraga, Oihan Indart et Aimar Odriozola.
Ils sont les acteurs, qui au delà de ce drame que nous vivons en direct, porteurs de l’Espoir : un espoir essentiel à toute vie.

 

« Gernika » tournée en construction : Parvis, Scène nationale de Tarbes ; Théâtre des Quatre Saisons, Scène nationale de Gradignan ; Théâtre d’Angoulême, Scène nationale ; Scène conventionnée de Bressuire.
30 janvier Teatro Gayarre, Pampelune
05 février Théâtre de Gascogne, Mont-de-Marsan
08 février Théâtre Olympia, Arcachon
12 février Teatro Barakaldo, Antzokia

 

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