« Macbeth » de William Shakespeare adapté et mis en en scène par Terry Misseraoui au théâtre Clavel est une version où le féminin prend la part belle sur l’ivresse du pouvoir…
Macbeth une tragédie shakespearienne ou plutôt « la pièce écossaise » car une superstition théâtrale nous dit que le simple fait de prononcer son nom sur scène porte malheur…
Une histoire d’ambition, de pouvoir, de conspiration, où la trahison prend forme de régicide sous l’influence démoniaque de Lady Macbeth, la femme du futur roi, ici la future reine dans un amour lesbien.
Il faut éliminer le roi Duncan d’Ecosse pour vivre pleinement sa quête du Graal.
Un pouvoir qui conduit à la paranoïa, à la folie, avec son lot de meurtres des plus sanglants.
Mais que serait cette tragédie sans la présence de sorcières au nombre de trois avec leurs rites ?
Celles qui ont tout pouvoir de vous ensorceler, de prédire votre avenir.
Alors que l’orage gronde, elles apparaissent comme des feux follets et rythment cette tragédie aux sons de leurs prédictions maléfiques : trois prédictions pour trois sorcières qui vont à jamais modifier le cours de l’histoire de ce royaume.
La générale Macbeth sort glorieuse d’une bataille et en récompense de sa bravoure et de sa dévotion le roi Duncan d’Ecosse la fait « duc » de Cawdor.
Macbeth se confie à son épouse Lady Macbeth qui se remémore les prédictions des sorcières et la pousse à tuer le roi pour prendre son fauteuil et ainsi asseoir sa soif du pouvoir.
Alors que le roi passera la nuit chez les Macbeth, il suffira d’enivrer les gardes pour les neutraliser et de procéder ensuite à son exécution, tout en faisant accuser les deux gardes aux premières lueurs du jour…un plan imparable !
Il n’y aura plus qu’à monter sur le trône et l’affaire est faite, elle qui se croit invincible.
Mais Macbeth aux allures d’un dictateur est confrontée aux forces du mal qui ont corrompu son âme.
Elle est rongée par le doute, celui de se faire démasquer…les sorcières hantent son esprit…et les fantômes aussi…des signes de délire que son épouse ne peut tolérer.
Mais les doutes et les remords ne seront pas simplement le lot de Macbeth, son épouse Lady Macbeth sera également rongée par la culpabilité, elle cherchera par tous les moyens à laver ses « taches » allant jusqu’au somnambulisme.
D’autres morts suivront cette escalade à la recherche du pouvoir absolu.
La vengeance sourde et implacable se cache à l’orée du bois…
Un texte riche, superbe, avec ses morts, ses trahisons, sa soif du pouvoir, qui nous conduisent à la réflexion du sens que l’on veut donner à son existence.
Car la vie d’un homme est un passage éphémère sur cette planète que l’on nomme terre.
Une mise en scène épurée de Terry Misseraoui mettant en exergue « la femme » : les deux rôles titres étant tenus par deux femmes habitées par leurs conditions : la puissante Noëlle Malacchina qui porte très bien la couronne et l’envoûtante Elisabeth Renault-Geslin.
A noter aussi la belle présence de Fabien Chapeira dans ses seconds rôles très convaincants.
Dans cette mise en scène le côté obscur a la part belle, renforcé par la musique de Gaël Cathala, la scénographie de Lucie Cathala et les costumes « noir et blanc » de Delphine Dumas : un travail d’équipe au service d’un régicide sanguinaire où le « rouge » trouvera sa place.
Un travail d’équipe où s’illustrent aux côtés des « Macbeth » Steve Jouffray, Sévan Krimian, Sonia Derory et Laurent Garnier.
« Macbeth » au théâtre Clavel, dernière le 16 décembre, souhaitons leur de trouver d’autres lieux.