« Le cercle des illusionnistes » écrit et mis en scène par Alexis Michalik au théâtre de la Renaissance est une histoire d’Amour romantique sur plusieurs étages, comme les poupées russes « matriochkas ».
Cette pièce qui se joue de théâtre en théâtre, dans le monde entier, depuis sa création le 22 janvier 2014 à la Pépinière-Opéra a toujours autant de succès, pensez avec pour un mardi soir un théâtre plein, malgré la canicule dans un théâtre non climatisé. Les applaudissements et les bravos en sont les témoins.
« Le cercle des illusionnistes » est le deuxième opus de la tétralogie d’Alexis Michalik. Sur le succès de son « Porteur d’histoire » qui marque un tournant dans l’écriture théâtrale, la patte Michalik reconnaissable entre toutes, cette pièce fut récompensée par trois Molières dont celui du meilleur auteur.
Une pièce complexe où les histoires se chevauchent, s’emmêlent, se croisent, à en perdre un peu la tête dans ce tourbillon de magie, d’illusions, de cinéma.
Une histoire dans l’histoire, c’est l’esprit Michalik : jouer avec le temps, jouer avec notre attention, lui qui aime comme dans le cinéma les flash-back comme éléments moteurs. Il aime mêler l’historique au fictif, il aime tout simplement raconter des histoires : il est un créatif pur.
Il a dû aimer construire des puzzles quand il était enfant…
Tout commence dans les années 80, en 84 plus précisément lorsque qu’en toile de fond de cette rencontre amoureuse entre Avril et Décembre, nos deux tourtereaux, se déroule le championnat d’Europe des nations avec le grand Platini.
Décembre qui vit de vol à la tire, des sacs en particulier, contacte la jolie propriétaire de son dernier larcin : Avril qui lui a mis la tête à l’envers. Ils se rencontrent dans un café et c’est la naissance d’une idylle, d’un amour qui va les faire voyager dans d’autres mondes. Celui du célèbre magicien du 19e siècle, le roi de l’illusion nommé Jean-Eugène Robert-Houdin et celui de Georges Méliès, un jeune homme adepte lui aussi de l’illusion, de l’artifice et de la magie : le créateur du spectacle cinématographique qui révolutionna le monde du cinéma avec entre autres ses premiers effets spéciaux. En quelque sorte un passage de flambeau.
Six comédiens sur scène, en alternance sur les quatorze de la distribution : deux femmes et quatre hommes interprètent les vingt-six rôles que compose cette aventure joyeuse et périlleuse. Ce soir ce sont Charles Cabon (Georges), Adrien Cauchetier (Décembre – une belle présence), Matthieu Hornuss (Jean), Constance Labbé (Avril), Charline Paul (Catherine – mon coup de cœur) et Michel Robbe (mon Enghiennois – l’horloger) qui ont charmé et entraîné les spectateurs dans ce cercle aux illusions multiples.
Un travail de comédien toujours sur la brèche, qui n’a pas le temps de se reposer avec les changements de rôles, de décors, à vue dans un rythme intense voulu par la mise en scène de l’auteur aidé par Anaïs Laforêt. Cela ne peut fonctionner que dans cette ambiance folle, folle de vie, d’amour, de passion. Qu’ils soient dans une roulotte, dans une banque ou dans une cave transformée en salle de spectacle, nos gaillards s’en donnent à cœur joie dans la rigueur et la précision de leurs jeux pour nous tenir en haleine, sans jamais relâcher la pression, jusqu’à la scène finale.
Comme toujours dans ses spectacles, Alexis Michalik donne une part belle à la musique avec son complice Romain Trouillet qui aura l’honneur d’être cité dans le texte : un clin d’œil de remerciement bien mérité. Les lumières de Pascal Sautelet ne sont pas en reste ainsi que la scénographie et les vidéos, ô combien importantes, d’Olivier Roset et les costumes de Marion Rebmann. Qui dit magie, dit magicien et les tours ont été réglés par Romain Lalire.
Maintenant que j’ai vu les quatre pièces d’Alexis Michalik, « Le porteur d’histoire » restera mon coup de cœur avec un faible pour « Edmond » que j’ai vu récemment. J’avais été également « réquisitionné » par « Intra muros ».
L’univers d’Alexis Michalik est particulier mais incontournable. C’est un grand auteur, à l’esprit de Troupe, qu’il faut absolument découvrir pour ceux qui n’auraient pas encore franchi le pas.
« Le cercle des illusionnistes » au théâtre de la Renaissance, du mardi au samedi à 21h, matinée le samedi à 18h, jusqu’au 14 septembre.