« Le bourgeois gentilhomme » de Molière dans une adaptation de Philippe Person qui signe également la mise en scène avec Florence Le Corre au théâtre du Lucernaire est le spectacle de fin d’études de ces apprentis comédiens.
Après « Le dindon » de Georges Feydeau et « Le songe d’une nuit d’été » de William Shakespeare qui avait retenu toute mon attention, voici le nouvel opus de l’école d’art dramatique du Lucernaire.
Un bourgeois recentré sur ses scènes célèbres en 1h15, qui ont fait le bonheur des jeunes spectateurs présents dans la salle. Une bonne initiative des parents pour faire connaître le théâtre aux enfants et déclencher sans doute de nouvelles vocations.
Des leçons de musique, de danse, de philosophie jusqu’au grand Mamamouchi, les comédiens s’en sont donné à cœur joie dans un rythme endiablé pour mettre en exergue le ridicule de ce Monsieur Jourdain qui ne donnera sa fille qu’à un Gentilhomme, condition qu’il aspire au plus haut point.
Un Monsieur Jourdain attiré par le paraître, les manières des gens de qualité, certes nullement dans le besoin, mais dans la soif de la reconnaissance. Une attitude qui en réjouira certains et indisposera les autres…
Une comédie ballet mise à la sauce disco en y incluant des cascades. Une vision très dépoussiérée, moderne, que Molière aurait certainement aimée, lui qui vivait dans l’air du temps, décryptant à merveille les travers de ses contemporains en réglant ses comptes dans une prose réjouissante sur une musique ensoleillée.
« Monsieur Jourdain : Par ma foi ! Il y a plus de quarante ans que je dis de la prose sans que j’en susse rien, et je vous suis le plus obligé du monde de m’avoir appris cela. »
Dans un décor de Vincent Blot réduit aux accessoires d’un fauteuil et deux cadres, il y a ce sol en forme de damier qui symbolise cette partie d’échecs qui se joue devant nous : qui va gagner ? qui va perdre ?
Le ridicule ne tue plus et sans doute rend plus fort, fort de passer un moment joyeux dans une fête bien réglée par la mise en scène dynamique en jeu de miroirs.
Avec des costumes bien léchés, lumineux de Florence Le Corre, les personnages de cette comédie sont à l’image de cette entreprise qui frise le burlesque.
Bien sûr dans une bonne humeur partagée, la troupe est inégale, mais on sent dans tous ces jeunes une volonté de bien faire : leur avenir en dépend.
Un faible pour le jeu des hommes, en particulier Arthur Radiguet et Matéo Troianovski et Dominika Dobrocká pour les femmes.
Une troupe en alternance avec ce soir Anatole Follenfant, Louise Delilez, Marine Lecarpentier, Elie Rofe et Maria Sombrin qui ne déméritent pas dans cette folle entreprise au langage actuel.
« Le bourgeois gentilhomme » au Lucernaire du mardi au samedi à 20h et matinée le dimanche à 17h, jusqu’au 11 août.