Huckleberry Finn

 

« Huckleberry Finn » le musical d’après Mark Twain au théâtre de la Huchette dans une mise en scène d’Hélène Cohen est une belle histoire d’amitié sur fond de liberté.

 

afficheDans ma jeunesse, les aventures de Tom Sawyer de Mark Twain nous tenaient en haleine via son feuilleton télévisé. Une œuvre dédiée à la jeunesse.
En revanche, Huckleberry Finn est un roman plus fort, plus cru, destiné à un public plus adulte, une œuvre où sont moins édulcorés les problèmes de cette société américaine dont le racisme et l’esclavage étaient ses deux mamelles.
En cela Didier Bailly et Hélène Cohen l’ont bien compris en adaptant dans un musical cette histoire. Pour mettre en musique ce roman, ils se sont adjoint l’aide d’Eric Chantelauze pour les paroles (il avait retenu toute notre attention avec son livret pour « Comédiens ! » qui a triomphé dans ce même théâtre et reçu cinq récompenses aux trophées de la comédie musicale !), Didier Bailly signant la musique.

Une histoire mouvementée, pour un auteur marqué par une enfance en quête d’aventures.
Philippe_Escalier_DSC_1486 -HFSes deux héros doivent cohabiter dans leur fuite.
Huckleberry Finn est un enfant maltraité par son père qui a soif de liberté tout comme Jim, un esclave en fuite et qui dit esclave dit un homme de couleur.
Comment concilier, accepter pour un enfant élevé dans ce monde, où l’esclavagisme est naturel, de fuir avec un noir. Un esclave qui fuit pour sauver sa peau : leur seul point commun au début de cette histoire.
Les voilà donc tous les deux naviguant sur le Mississipi, sur un radeau de fortune, pour rejoindre la terre de liberté. Une terre pour cet esclave qui lui permettrait de travailler afin de racheter la liberté de sa femme et de sa fille. Une terre de liberté pour ce jeune Huckleberry Finn afin éviter les sévices de sa tutrice.

Philippe_Escalier_DSC_1648 - HFUn voyage qui va remettre à plat tous leurs préjugés et construire une solide amitié.
Dans cette aventure Mark Twain dépeint une société où « les méchants » se cacheraient plutôt du côté des bien-pensants. Cette société où la religion occupe une place prépondérante, pudibonde à souhait : d’ailleurs cela a-t-il changé ?
Une société violente qui punit sans remords, par la peine de mort, tous ceux qui ne respectent pas les règles, le pouvoir. Une société qui ne se remet pas en cause, où la mort omniprésente peut perturber et donner à réflexion à ce jeune adolescent en pleine construction de son mental, de sa vie. Un jeune lucide qui dénonce toute la bêtise de ses aînés et lutte pour se libérer de ce carcan que l’on veut lui faire adopter, se libérer de cette pensée politiquement correcte.
Un texte fort sous une forme musicale, écrit pour nous divertir sous couvert d’un parcours initiatique.

Philippe_Escalier_DSC_1449 -HFUn esclave, Jim, qui lui éveille sa conscience ; un esclave prisonnier de son corps mais pas de sa tête, de sa pensée, de sa réflexion. Un esclave qui va permettre à ce jeune Huckleberry Finn de rompre les liens qui le conditionnent dans cette société raciste, stupide et violente.

La musique et les paroles donnent à ce musical une légèreté salvatrice permettant de partager son lot d’émotions.
Un personnage clé, Le maître de cérémonie, permet à cette mayonnaise de prendre forme. Tour à tour il est Le monsieur loyal, l’agent de liaison des deux héros avec ses multiples personnages qu’ils rencontrent en chemin, celui qui met en mouvement les « effets spéciaux » très réussis de cette fuite qui nous font voyager dans le temps et l’espace : par exemple avec cette très belle scène dans le brouillard qui met en avant le lien qui unit l’esclave et le jeune adolescent.
La scénographie de Sandrine Lamblin, les lumières de Laurent Béal, les superbes marionnettes de Pascale Blaison et les vidéos de Sébastien Sidaner apportent cette touche indispensable à cette évasion grandiose qui se joue sur la petite scène du théâtre de la Huchette, exploitée intelligemment par une mise en scène mêlant humour, poésie et gravité d’Hélène Cohen. Nous sommes embarqués dans son voyage dans un tourbillon de liberté.

 

Philippe_Escalier_DSC_1547 -HFIl fallait trois comédiens chevronnés pour nous faire vibrer, nous émouvoir, nous faire rire sur ce sujet grave.
Morgane L’Hostis apporte toute sa fraîcheur, sa jeunesse, son enthousiasme pour le rôle de Huckleberry Finn.
Joël O’Cangha dans le rôle de l’esclave, Jim, est lumineux, généreux, il est l’homme et l’esclave de son rôle.
Quant à Alain Payen, avec sa bonhommie, sa gouaille, sa truculence, il est la touche de couleur dans ce drame de la bêtise humaine.

Une belle performance qu’il faut aller applaudir, qui remet les idées en place !

 

« Huckleberry Finn » au théâtre de la Huchette, du mardi au vendredi à 21h, le samedi à 16h et 21h.

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