Cinq de cœur dans « Oh la belle vie ! » au théâtre de Paris, salle Réjane, dans une mise en scène de Philippe Lelièvre est un pur moment de folie musicale délirant mais maîtrisé. Pendant 1h30, a cappella, nos cinq artistes, chanteurs, comédiens vont nous faire voyager dans l’univers de la chanson sur des rythmes endiablés. Des artistes qui savent ce que chanter veut dire, des artistes qui savent respirer et qui mettent au service de ce spectacle musical tous leurs talents. C’est impressionnant de précision et la mise en scène n’est pas en reste, mettant en valeur leurs virtuosités.
« Oh la belle vie ! » comme le chantait Sacha Distel met en joie nos esprits par cette chaleur accablante, mais heureusement dans une salle climatisée.
Un quintette comme on pourrait le nommer, composé d’une gamme de voix qui se bousculent, qui se complètent, qui se chamaillent, qui nous font rire, formées à la dure école du classique.
Un groupe vocal qui n’en est pas à son coup d’essai mais que je découvre avec un plaisir non dissimulé.
Comme pour Louis XIV, nous assistons à leur lever et à leur coucher : une frénésie musicale sur un temps. Des polissons qui ont un répertoire des plus éclectiques. Ils savent aussi bien chanter du classique que de la variété française et internationale, que cela soit en français ou en anglais en y incorporant des sonorités tout à fait étranges, des bruits d’animaux ou même de la « beatbox » avec l’excellent baryton Fabian Ballarin dont la pudeur l’empêche de se changer en public…si vous êtes placés côté cour Mesdames, peut-être aurez-vous plus de chance…
Beaucoup d’humour mis en avant par Philippe Lelièvre qui récemment nous avait fait rire dans « Non à l’argent ». Un univers déjanté dont il sait habilement, avec rigueur, tirer toutes les ficelles pour faire mouche à chaque situation.
Un spectacle entrecoupé de saynètes dont celles de la chasse d’eau, les corses dans « i muvrini » et le cocktail sur le tapis roulant qui m’ont bien fait rire. C’est enlevé, poétique, caustique, nous sommes séduits par tant d’inventivité, de fraîcheur où l’émotion n’est pas absente.
Pour corser un peu la situation, chaque artiste tire au début du spectacle dans un pot un papier avec inscrit dessus une expression de la vie courante qu’il devra incorporer dans son jeu, accompagné d’un code couleur vestimentaire. Un spectacle entièrement chanté à l’exception de ces expressions parlées, qui prend une tournure drôlissime.
Des onomatopées, des borborygmes ponctuent leurs chansons donnant des reflets musicaux très colorés.
Vous aurez même, si vous savez chanter juste (c’est mieux pour nos oreilles) le plaisir de les accompagner sur « La javanaise » de Serge Gainsbourg.
Un sacré spectacle musical où il est bon de faire un show, car c’est du boulot : il faut chanter, il faut danser, même si vous êtes enrhumés et avez la goutte au nez, le tout sans perdre la voix !
Cinq artistes aux voix, aux jeux, qui nous séduisent par tant de charisme et de virtuosité. Un groupe vocal composé de deux sopranos, Pascale Costes et Karine Sérafin, d’un ténor Patrick Laviosa, d’un baryton-basse Fabian Ballarin et d’une alto Sandrine Montcoudiol que j’ai plaisir à retrouver après l’avoir applaudie dans « Violette Fugasse » et récemment dans « L’anatomie de la joie ».
Une très belle ovation, avec plusieurs rappels, conclut ce superbe moment, de délire, de chant, de joie, de tendresse, de gaîté, de théâtre…que nous avons passé en leurs compagnies : ils méritent votre visite.
« Oh la belle vie ! » au théâtre de Paris, salle Réjane, du mardi au samedi à 20h30 et matinée le dimanche à 15h00, jusqu’au 28 juillet.