Berlin Kabarett

« Berlin Kabarett » de et mis en scène par Stéphan Druet au théâtre du Poche Montparnasse : grandeur et décadence de Kirsten, directrice cynique d’un cabaret allemand, lieu de plaisir et de résistance.

A la demande de Philippe Tesson, Stéphan Druet a réalisé son rêve et a laissé libre cours à son imagination en créant de toutes pièces ce Berlin Kabarett. Un cabaret berlinois où en mêlant ses propres textes à des moments d’anthologie, il a réussi le pari de nous faire rire dans une période très sombre de cette Allemagne gagnée par la montée en puissance du nazisme.

 

IMG_2728Avec beaucoup de fantaisie, d’humour, de gaîté, il nous raconte les moments forts de ces cabarets pendant la république de Weimar ; pour mémoire nom donné par les historiens au régime allemand en place de 1919 à 1933, année où Hitler fut nommé chancelier.
Il s’ensuivit une politique très autoritaire dont nous connaissons tous les conséquences et Goebbels, nommé chef de district de Berlin, signera l’arrêt de mort des cabarets en menant une chasse à la débauche des plus répressives ; à la clef, destruction des cabarets, exil, camp de concentration, assassinat des artistes les plus réputés.

Aux sons d’un piano distillant quelques notes enthousiastes, nous sommes accueillis par un bel aryen à bretelles, joué par Gaston Re, qui nous sert des coupes de champagne : suspension du temps, ivresse du lieu, attente des plaisirs.
Puis le noir se fait, et un projecteur plein feu éclaire le visage de Kirsten jouée par Marisa Berenson. Nous sommes en 1945, à la fin de la guerre, elle est en France interrogée par la police. Un interrogatoire qui la conduira à nous raconter l’histoire de son cabaret à travers des flash-back, nous ramenant vingt ans en arrière. Cette période faste entre la sortie de la première guerre mondiale où il fallait oublier les blessures et celle qui allait annoncer sa perte.

BERLIN KABARETT (Stephane Druet 2018)Retour à Berlin, elle commence par nous présenter sa garde rapprochée qu’elle n’hésitera pas à sacrifier pour sauver sa peau.
Son ex-amant, Karl joué ce soir par Olivier Breitman, auteur de son état et Fritz, le pianiste compositeur en vogue joué par Stéphane Corbin (qui signe également toute la musique du spectacle) : leur particularité être nés « juifs ». Le troisième homme enfin si l’on peut selon Kirsten l’appeler ainsi : son fils Viktor joué par IMG_2724Sebastiàn Galeota, un fils qui a le malheur d’être homosexuel et qui adore se travestir. Un fils qu’elle rejette du plus profond d’elle-même.
Pour compléter les notes du piano nous avons aux percussions Hugo Chassaniol et ce soir à la trompette Rodolph Puechbroussous.

 

Avec de nombreux numéros à l’érotisme assumé, Kirsten va nous évoquer les moments fastes de son cabaret qu’elle dirige avec une poigne sans faille, elle qui n’hésitait pas à coucher avec les nazis pour garder son indépendance, pour garder la tête hors de l’eau. Un monstre en puissance ; une tête d’ange dans un corps de fille de joie.

Une présentation qui se veut joyeuse, festive, aux musiques entraînantes et aux multiples costumes chatoyants devant des spectateurs conquis qui deviendront le temps d’un court instant acteurs de ce show.

Un témoignage aussi qui prête à sourire, à rire qui nous amuse beaucoup, avec des chansons grivoises mêlées à des parodies osées qui manifestent un besoin d’évasion. Un témoignage qui au fond est insupportable devant cette perte de tout repère moral, qui témoigne d’une vision de cette Allemagne en pleine déchéance. Une Allemagne qui plonge dans le chaos, dans une crise qui sera exploitée par Hitler.
Un show avec une bande-son, qui s’intercalera dans les numéros, composée de la voix d’Hitler, de militaires qui défilent au pas, de bombardements…, une bande-son qui renforcera la dramaturgie de cette évocation.

img24Stephan Druet propose un petit bijou dans son écrin glamour. Il a su s’entourer d’artistes qui relèvent haut la main cette composition qui nous offre du rêve, du bonheur le temps d’un interlude.
Marisa Berenson à la voix envoûtante, irradie la salle par sa présence. Elle incarne brillamment cette femme odieuse prête à tout pour survivre.
Sebastiàn Galeota comme d’habitude excelle dans ses numéros chantés, dansés, chorégraphiés par Alma de Villalobos. Il est incontournable pour ce cabaret.
Stéphane Corbin, un musicien hors pair, accompagne avec légèreté et conviction ses camarades tout en poussant lui aussi la chansonnette.
Olivier Breitman campe un Karl généreux qui essaiera tant bien que mal de réconcilier la mère et le fils. Il est impayable dans son rôle de la petite bavaroise.

Un Berlin Kabarett qui mérite une visite, commandez une coupe de champagne et laissez-vous gagner par l’ambiance festive qui règne dans ce lieu de plaisir.

 

Berlin des années vingt,
Quel est le devin
Qui aurait prédit
Ce que tu devins ?

Berlin des années vingt
Qui donc se souvient ?

M-P Belle – Françoise Mallet Joris

 

« Berlin Kabarett » au théâtre du Poche Montparnasse, du jeudi au samedi à 21h15 et le dimanche à 17h30, jusqu’au 19 mai.

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