La Ronde

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« La Ronde » d’Arthur Schintzler au théâtre 14 est montée d’une façon ludique, gaie par Jean-Paul Tribout et c’est tant mieux.

ronde 1Il n’a pas cherché à transposer l’action de nos jours, le contexte historique de cette société viennoise du début du XX siècle se suffit à lui-même pour nous donner une vision de notre civilisation qui de ce côté n’a pas beaucoup évolué.
Toutes les couches de la société, tous les âges sont concernés par cette vision du jeu social dans lequel nous évoluons.
Il faut être honnête le texte ne se prête pas aux précédentes versions qui ont voulu intellectualiser le propos, l’auteur lui-même en convient.
Il faut y voir un reflet de notre société et bien que cette pièce fût écrite en 1897 on peut dire que rien n’a changé.
Le sexe et l’argent continueront à faire tourner le monde et l’appel de la chair vivra jusqu’à sa fin.

Il ne convient pas ici de jouer les prudes d’autant plus que la version présentée par Jean-Paul Tribout n’a rien de graveleux, rien de choquant.
Au contraire ses personnages évoluent dans une sorte de manège de forme circulaire (tiens tiens…) ; un petit train composé de wagons en forme de miroir, parfois sans tain multipliant ainsi les personnages et un certain voyeurisme, et d’une locomotive représentée par le lit, lieu magique où l’on se déshabille, s’habille ; où les corps, les pulsions, les âmes se dévoilent, s’attirent, se repoussent, s’amusent, recherchent la quête du Graal que l’on nomme « volupté » n’allant toutefois pas jusqu’à la luxure.ronde 4
Dans une belle chorégraphie, dix personnages au cours de dix tableaux vont monter dans le train, en descendre, y remonter et assouvir lors de saynètes à deux leurs désirs de jouissance pour le plaisir, le bien être que procure l’acte sexuel : peut-on vraiment parler d’amour ou d’instinct animal ?
Dans une ronde bien rythmée, des personnages secondaires vont se croiser pour donner plus de vie à ces rencontres d’un soir, d’une nuit…ronde 3

Il n’est point question de sentiment mais de pulsions à assouvir : le sexe pour le plaisir, le sexe libérateur, le sexe guérisseur, le sexe qui procure le bonheur.
La belle trouvaille de Jean-Paul Tribout est d’arrêter l’acte juste au moment décisif par un cri annonciateur d’un plaisir, un geste provocant, une lumière paralysante et une musique porteuse de gaieté, peut-être d’espoir.

Cinq hommes mais surtout cinq femmes qui auront la part belle dans ces histoires, menant du bout du nez tous ces hommes avides de plaisir, qui n’y verrons que du feu.
Au détour d’un miroir, d’un lit nous y découvrirons une prostituée, une soubrette, une femme mariée, une comédienne, un fils de famille, un mari, un soldat, un auteur…

Les quatre femmes Léa Dauvergne, Marie-Christine Letort, Caroline Maillard et Claire Mirande jouent avec beaucoup d’élégance, de légèreté, de naturel pour séduire tous ces hommes qui tomberont avec leurs sourires accrocheurs, dans leurs filets.ronde 5

Quant aux hommes, il y en a un qui a particulièrement retenu mon attention c’est Florent Favier qui joue le rôle du fils de famille. Son jeu est frais, son œil coquin, ses ruptures apportent de la gaieté dans son jeu ; il nous amuse par ses pirouettes.
Moins convaincu par Laurent Richard qui ce soir là n’était pas présent dans son rôle.
Xavier Simonin qui assiste Jean-Paul Tribout dans la mise en scène nous surprend dans ses emplois.
Quant à Jean-Paul Tribout, le fameux Pujol dans « les Brigades du Tigre », infatigable, il n’a pas changé depuis que je l’ai découvert sur la scène du théâtre Edouard VII dans « Point de feu sans fumée » avec à ses côtés Renée Saint-Cyr et Jacques Legras ; juste peut-être ses cheveux devenus blancs qui lui donnent plus d’élégance et qui siéent beaucoup aux personnages qu’il interprète dans la pièce. Il a toujours son œil qui frise et son sourire charmeur. Il est parfaitement à l’aise dans ce manège et a signé une mise en scène très fluide.

Fidèle dans ses principes, il aime avoir sur scène comme dans « Point de feu sans fumée » un musicien, cette fois-ci, il a fait appel à Alexandre Zerki qui par son clavier ou son saxophone, ponctuera les saynètes avec gravité ou légèreté suivant les humeurs transmises.

Fidèle aussi en amitié il a fait appel à Philippe Lacombe (déjà dans Point de feu sans fumée et c’était en 1989) pour les lumières, qui jouent un rôle important dans la mise en scène de la pièce.
Les beaux costumes de Sonia Bosc permettent de visualiser cette société viennoise dans laquelle évoluent les personnages de l’auteur.

Chacun y verra bien ce qu’il veut y voir dans cette société, dans notre société mais cette ronde aura eu le mérite de nous interpeller.

« La Ronde » au Théâtre 14, le lundi à 19h, du mardi au vendredi à 21h et le samedi à 16h jusqu’au 31 décembre (relâche les 24 et 25 décembre).

2 réflexions sur « La Ronde »

  1. J’aime beaucoup votre blog. Un plaisir de venir flâner sur vos pages. Une belle découverte et blog très intéressant. Je reviendrai m’y poser. N’hésitez pas à visiter mon univers. Au plaisir.

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  2. Merci beaucoup vos propos me touchent 🙏

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